Singularités, le jeu de rôle
Cultures & civilisationLe monde en 2202

Le langage au 23ème siècle

Ça n’a l’air de rien, mais c’est un sujet important de savoir un peu comment communiquent et échangent les membres de la Nouvelle Humanité et, surtout, dans quels langages.

Et on va commencer par rappeler une évidence : entre le début du 21ème siècle et le 23ème siècle, il y a plus de 150 années de bouleversements majeurs – y compris une quasi extinction – et de mutations sociétales profondes qui ont pesé sur les langues de la Terre, leur transformation et leur répartition.

Un californien de Gateway qui lit un livre écrit dans l’anglais au 21ème siècle vit la même expérience que, pour nous, francophones modernes, lire du Musset dans le texte d’époque. Et on ne parle même pas du langage parlé ! Ce dernier a lui aussi évolué profondément, par les accents, les modifications de prononciation et les nouvelles constructions orales. Il est très ardu, pour ne pas dire presque impossible sans une formation linguistique, de comprendre les dialogues en anglais d’un film du début des années 2000 pour un quidam de 2202 ; il aurait bien moins de mal avec les sous-titres d’époques, même en ne comprenant pas tout, mais à l’oral, c’est juste horrible à suivre pour lui.

L’anglais des nations américaines et des australiens n’a plus grand chose à voir avec l’anglais international du 21ème siècle, et l’anglais d’Oxford n’existe pratiquement plus. Et on pourrait aussi dire la même chose du français, par exemple, qui n’a pas bien survécu au 21ème siècle et aux ravages européens.

Mais les mutations ne s’arrêtent pas là, car, avec les technologies de communication de la Nouvelle Humanité, ce sont nombre de langues mineurs – et de nouvelles langues – qui se sont étendues et, désormais, qui sont devenues courantes et ne disparaitront pas. Donc, présentons tout cela…

Les langues du 23ème siècle

Un petit tour d’horizon des langues les plus employées dans le monde, dans l’ordre de locuteurs. Comme on l’a mentionné plus haut, il y a beaucoup d’autres langues parlées, car la barrière des langues n’est plus un obstacle majeur à la communication nous allons en parler plus bas. Ceci dit, ça n’a pas fait disparaitre les besoins de pouvoir comprendre ce que dit son voisin sans user de technologies pour cela. Et comme les langues ont pas mal changé en deux siècles, présentons les principales :

  • UNISA : à la base, une sorte d’anglo-allemand très simplifié et inclusif, qui intègre nombre d’emprunts à d’autres langues, principalement latino, français, suédois et espagnol, mais aussi du roumain, de l’arabe et du grec moderne. Il a une construction ortho-grammaticale très simple, qui permets de facilement faire évoluer la langue et l’adapter localement. C’est une création artificielle, qui a été portée par l’UNE dont c’est la langue officielle. Très employé, c’est la langue véhiculaire du 23ème siècle car presque tout le monde l’apprend à l’école, mais elle reste considérée assez barbare pour un usage littéraire.
  • Swahili moderne : langue recomposée, à la fois d’origine bantoue, créole et arabe, le swahili moderne est pratiquement la langue qui domine l’entièreté du continent africain, en mêlant aussi des ajouts du chinois et de l’UNISA. C’est aussi sûrement la langue qui connait le plus de variations locales, mais sa version formelle est enseignée dans l’ensemble de l’Union Africaine.
  • Chinois Impérial : une révision importante du chinois mandarin et cantonais réunis et traduits en équivalence entre sinogrammes et alphabet latin modifié. Une langue riche mais simplifiée, considérée comme l’une des plus faciles à apprendre à l’oral, qui emporte des mots issus aussi bien du népalais et d’autres langues indo-iraniennes comme l’indhi ou encore le pachto, que du tagalog ou du thaï.
  • Anglais américain : en fait, c’est un anglais mixé des influences de l’anglais canadien, du texan et du californien, avec quelques éléments de la Côte Est et des emprunts nombreux au latino et au japonais. On le retrouve dans les régions linguistiques mentionnées, mais aussi en UAO où il est plus commun que le Lakota et sur Luna qui l’emploie beaucoup.
  • Lakota : le lakota moderne, langue officielle de l’UAO, a été en fait littéralement réinventé pour faciliter sa prononciation par des locuteurs anglophones et, dn fait, il se prononce en général clairement à l’anglaise. Il a aussi adopté nombre de mots latinos, anglais et surtout japonais, sous l’influence des réfugiés de Gateway.
  • Bundesdeutsch : la langue la plus parlée en Europe avec l’UNISA et l’une des six langues fédérales officielles de la Confédération Helvétique ; c’est un franco-allemand révisé avec pas mal d’emprunts aux langues romanes et slaves et elle est notoirement privilégiée dans le domaine littéraire.
  • Maori-Olo : la langue officielle de la Fédération Pacifique. C’est un mélange de langues polynésiennes (maori de Nouvelle-Zélande, paumotu, tahitien, etc..) et des langues marquisiennes (, hawaïen, malgache ou encore rapanui), avec des emprunts de malais et, sans surprise, d’anglais. C’est une lingua franca régionale ; la plupart des habitants de la Fédération Pacifique parlant leurs langues locales avant tout.
  • Mexican : un étrange mélange entre le quiché, la principale langue maya, et le latino du Mexique, qui s’écrit désormais en caractères latins ; c’est la troisième langue officielle de l’UAO et elle est répandue en Amérique centrale et dans une partie de l’Amérique du sud comme une sorte de lingua franca régionale.

Il y a aussi pas mal de langues qui n’existent que depuis un siècle ou moins. Elles n’ont pas forcément beaucoup de locuteurs, mais sont assez remarquables pour les citer, vu que tout le monde en a entendu parler. En voici quelques-unes :

  • L’EnGram : la langue des IA, à la fois langage de programmation et langue culturelle de communication entre les IA sur la Trame et l’UNEnet. Tellement complexe qu’un humain ne peut ni l’apprendre, ni la comprendre ou l’employer sans se faire aider d’un lien MtM et de systèmes experts dédiés.
  • L’Ixam : langue réinventée par les bioïdes d’Olympus à partir du langage khoïsan d’Afrique du Sud, éteint au 21ème siècle, l’Ixam est une langue à clic très synthétique, employée en quelque sorte comme langue hermétique, car les Babels ont notoirement de mal à traduire efficacement les langues à clic.
  • Le Téké : la langue synthétique des relations humains/corvidés, crée à partir des échanges avec des corbeaux freux de Slovénie. Elle peut être apprise par un humain, mais elle reste difficile à employer sans soutient d’un Babel.
  • L’Alpha : langue artificielle crée à partir des études sur la communication des orques, elle permet des échanges simples mais assez efficaces. Sans Babel et système sonore adapté spécifiquement, il est presque impossible à un humain de communiquer dans cette langue.

Le Babel, ou comment briser la barrière des langues

Un des programmes intégrés par défaut dans tous les Interfaces et qu’on peut même caser dans n’importe quel appareil affichant la Réalité Augmentée est le traducteur en direct de type Babel, à l’origine développé par la société Deepsens GmbH.

La technologie en question est bien antérieure à la démocratisation des Interfaces, ceci dit. Après être passé open source en 2229, la technologie Babel a engendré quantité de variantes, même si la plus efficace reste le BabelStar de Deepsens, qui reste leader sur le marché des logiciels éducatifs d’interprétation et de langage.

Pour résumer, avec un Babel, un Interface (ou des afficheurs de Réalité Augmentée) et un peu d’entrainement, n’importe qui peut comprendre une langue étrangère, écrite ou parlée. Deux interlocuteurs de langue différente parlent dans leur langue natale et voient leurs propos traduits en direct (via la vue ou l’ouïe).  Ils peuvent ainsi répondre à leur interlocuteur dans leur langue natale, qui sera traduite en directe, etc…

Quel que soit le Babel, toute conversation courante est facilitée et, avec un bon exercice, ce qui est le plus souvent le cas, car tout le monde se sert d’un Interface à l’école depuis son plus jeune âge, l’échange est presque aussi fluide qu’une discussion commune. À noter que, sans Interface ou affichage de Réalité Augmentée et sans un entrainement qui prend quand même quelques jours, un Babel sera bien moins efficace : il traduira votre interlocuteur, mais vous aurez toutes les peines du monde à mener une discussion qui ne soit pas hachée, lente et imprécise.

Dès lors, la notion de langue dominante et la nécessité d’afficher et écrire des documents et signaux dans une langue commune ou en plusieurs langages deviennent secondaire : le chinois fera son enseigne en chinois, le suédois parlera sa langue avec un kenyan qui lui répondra en swahili et les seuls affichages considérés universels sont soit rédigés en UNISA, soit signalisés par des logos.

Le seul problème, si on ne connait pas une langue étrangère concerne les zones sans réseau : les Babels ne tournent pas sur de simples nanos ; il faut avoir un système expert T1 pour que le programme soit efficace. Il faut aussi prévoir un stockage de mémoire conséquent si on prévoit de devoir traduire plus de deux ou trois langues différentes. Mais de fait, les Babels ont sauvé les langues locales et à petit nombre de locuteurs, puisqu’il devient aisé de comprendre et échanger sans avoir la nécessité d’abandonner sa langue personnelle pour en adopter une autre.

 

 

 

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