La Ceinture en 2202
Troisième étape des régions colonisées du système solaire, sur les inspirations et les suggestions de Sébastien Louchart. Et vous allez voir que si c’est un intéressant décor d’intrigues, c’est sûrement un des derniers lieux où vous voudrez passer des vacances ! Allez et bonne visite de la Ceinture, un far-west spatial dévasté, peuplé de réfugiés et infestés de pirates, et pourtant le cœur de l’industrie minière de la Nouvelle Humanité !
Données physiques
- Nombre d’objets : environ un million de plus d’un kilomètre et près de 120 millions supérieurs à 100 mètres.
- Masse de 36 milliards de milliards de tonnes (environ 5% de la masse de Luna ; Cérès représente à elle seule le tiers de la masse de la Ceinture).
- Gravité de 0,001 à 0,03g (sur Cérès).
- Vitesse de libération : 0,51km/s (Cérès).
- Pression moyenne : 0Pa.
- Température min/max -156°C/-34°C.
- Distance moyenne entre deux corps de la Ceinture : un million de kilomètres.
- Habitabilité (PHI) 0.
- Population : 1,7 millions.
Présentation
La Ceinture Principale d’Astéroïdes – et à partir de maintenant, on va la nommer la Ceinture, c’est le nom employé par tout le monde – c’est la région du système solaire située entre les orbites de Mars et de Jupiter et qui grouille d’astéroïdes. Alors quand on dit que cela grouille, tout est relatif. Avec un million de kilomètres qui séparent en moyenne deux de ces cailloux, on ne peut pas dire que cela se bouscule beaucoup.
Mais la Ceinture est réellement très étendue ; elle compte plusieurs dizaines de millions de gros corps (plus de cent mètres) dont 350 astéroïdes de plus de 100 km, sur un disque étendu de 1,7 à 4,5 unités astronomiques depuis le Soleil. Pour tout dire, traverser le disque prends plusieurs semaines, même pour un vaisseau rapide. Et si vous vous demandez si c’est risqué, sachez que les chances moyennes pour un véhicule de percuter un objet de la Ceinture, même un tout petit rocher, sont à peine supérieures à une sur un milliard. Oui, l’espace, c’est vaste et plutôt vide. Même dans cet endroit.
Et la Ceinture, c’est avant tout le cœur de toutes les grandes exploitations minières de la Nouvelle Humanité. Qu’on ne se méprenne pas ; il y a toujours nombre d’industries minières sur Terre, même si les plus riches sont désormais sous-marines ou antarctiques. Cependant, la Ceinture, c’est comme Luna : on n’a pas à se soucier de problèmes de pollution et de respect environnemental. Mais si Luna est assez pauvre en métaux, ce n’est pas le cas de la Ceinture !
Il s’y trouve même l’objet qui est sans doutes le plus riche de tout le système solaire. « (16) Psyché », astéroïde de 246 km (masse de 1% de la masse totale de la Ceinture) est composé de 30% à 60% de métaux ; fer, zinc, or et autres métaux précieux en abondance telle qu’à lui seul, sa valeur totale représente, en théorie, environ 500 quintillions (milliards de trilliards) de Couronnes. Autant dire qu’il est exploité et les Consortiums se battent pour en tirer le maximum possible !
L’autre ressource vitale et abondante dans la Ceinture, c’est l’eau, sous forme de glace. L’eau est indispensable dans l’exploitation et l’exploration spatiale : Luna en a des réserves limitées et l’eau Martienne est trop difficile à exploiter ; si cette dernière est auto-suffisante, Luna, comme les stations spatiales autour de la Terre et dans le système Jovien, dépendent de la glace de la Ceinture. C’était d’ailleurs une des deux raisons pour laquelle Cérès était l’objet de la Ceinture le plus habité, car elle comporte des réserves gigantesques sous forme d’un océan sous-terrain et de glace à sa surface.
La Ceinture, c’est par conséquent le terrain de jeu des plus grands Consortiums miniers et industriels, StarForce compris, qui ont profité des énormes flous juridiques sur la propriété et l’exploitation des corps hors-sol, des débuts de la colonisation, à partir de 2130 et jusqu’en 2195, pour s’accaparer toutes ces richesses, déployer quantité de complexes robotisés d’extraction minière et des plateformes de fret spatial, et y attirer autant de monde que possible afin d’assurer la main d’ouvre technique nécessaire à faire tourner ces exploitations.
La Ruée vers l’Or du 22ème siècle
Sans le contrôle de l’UNCC (la commission coloniale internationale) sur les droits de propriété dans la Ceinture et pratiquement affranchis des lois de protection des salariés qui ne s’appliquaient pas non plus hors-sol, puisque l’UNCC ne s’en occupait pas, ces mêmes Consortiums ont tous, peu ou prou, profités de la situation à l’envie et, surtout, en servant leurs propres intérêts sans aucunes concertations. Une concurrence féroce et sans pitié qui a escaladé jusqu’à y devenir une guerre frontale. Guerre qui a quitté le champ du privé et des Consortiums pour se transformer en quelques semaines en un champ de bataille pour les deux grands blocs politiques de la Terre : l’UNE et le TEP.
En gros, la Ceinture était, et reste encore, une sorte de far-west sans foi ni loi, où se sont échoués à partir de la seconde moitié du 22ème siècle des quantités de gens, venus en majorité des Zones d’Exclusion centre-américaines, européennes, chinoises et russes, attirés par les promesses d’une richesse rapide qui, bien sûr, est resté une illusion pour la grande majorité de ces aventuriers déshérités.
La ProSpace, sous mandat de l’UNE, est bien devenu le garant du droit international dans la Ceinture, avec le soutien de des Casques Bleus et de StarForce, mais elle n’a pas encore assez de moyens pour faire respecter efficacement les lois face aux Consortiums, et parvient à peine à protéger les habitants de la Ceinture. Très loin de tout système de protection sociale ou de Dividende Universel, qui commencent à peine à être mis en place, ces derniers n’ont souvent simplement pas les moyens de se payer un billet retour vers La Terre ou Luna et nombre d’entre eux, depuis la destruction de la station Cérès 1, sont désormais des réfugiés qui ont tout perdu ; un vivier idéal de travailleurs pauvres et désespérés, prêts à n’importe quel job à n’importe quelles conditions. Seules les organisations humanitaires, qui fournissent une aide d’urgence et rapatrient autant de monde que possible, parviennent à empêcher une véritable catastrophe ; et autant dire que ce n’est pas gagné.
La Seconde Guerre des Consortiums a non seulement ravagé beaucoup de stations habitées dans la Ceinture mais aussi armé nombre de ses habitants. Des vaisseaux-tanker, des tracteurs, des plateformes minéralières, des ravitailleurs et même des navettes de passagers ont été militarisés et mis entre les mains d’équipages civils qui, pour nombre d’entre eux, ont tout perdu, famille compris, dans le conflit. Ces vaisseaux sont alors devenus le seul foyer de groupes entiers qui se sont organisés en colonnes nomades, allant de station en station, employant, pour se ravitailler, la piraterie et le trafic. Il est difficile de les arrêter – encore une fois, l’espace, c’est vaste – et personne ne connait mieux qu’eux la navigation dans la Ceinture. Ces groupes se sont même agrandis en capturant et convertissant de vastes cargos automatisés transformés en nefs pour d’autres réfugiés et laissés-pour-compte, dans une sorte d’élan informel de lutte vengeresse contre les intérêts des Consortiums. Finalement, car il faut bien survivre, ils visent un peu tout le monde, StarForce, UNE et TEP compris. Et forcément, pour se protéger de cette piraterie, les Consortiums ne comptent pas trop sur la ProSpace mais louent les services de vaisseaux armés et de mercenaires, dont les méthodes ne valent pas mieux que les pirates nomades qu’ils pourchassent.
Les principaux habitats
Cérès 1 (124 000 habitants) est détruite a plus de 80% et réduite à un chantier de reconstruction chaotique qui prendra, au mieux, une dizaine d’année avant de s’achever. Peuplée par plus d’un demi-million d’habitants avant sa destruction, il s’y trouve encore une centaine de milliers de personnes, sur d’autres habitats et installations industrielles annexes de la planète naine, pour moitié techniciens, ingénieurs et personnel d’encadrement des Ten Stars qui tentent de rebâtir la station, pour l’autre des ouvriers des glaces et leurs familles qui se sont retrouvés coincés sur ce caillou géant en perdition et survivent tant bien que mal en poursuivant l’exploitation de l’eau de Cérès, pour le compte des Consortiums, principalement. Il commence aussi, depuis peu, à s’y pratiquer une agriculture hors-sol, principalement vivrière, grâce à un programme d’entraide, bien qu’encore un peu balbutiant, lancé par les CCS de Luna.
Midway Station (650 000 habitants). Désormais, la plus grande installation fonctionnelle et habitée de la Ceinture est Midway, la station spatiale à mi-chemin entre Mars et Jupiter, sous administration conjointe de StarForce et des Ten Stars. Avec pas loin du double de sa capacité nominale en habitants, l’immense station spatiale est désormais surpeuplée. À l’origine, elle est un port ultramoderne de transit industriel, commercial et militaire à destination du système Jovien et de la Terre, avec des chantiers navals, des docks, des centres de stockages et un hub de transit pour les civils et les militaires à destination de Callisto. Désormais, elle est aussi un gigantesque complexe humanitaire accueillant pas loin de 400 000 réfugiés, pour la plupart ex-habitants de Cérès, qui attendent leur tour pour être rapatriés vers d’autres habitats de la Ceinture, ou encore sur Luna ou sur Terre. Les conditions de vie pour ces déshérités sont difficiles, les pénuries des besoins les plus essentielles fréquentes, la criminalité endémique et les espoirs d’une vie meilleure bien vains, malgré une aide internationale initiée par l’UNE et gérée en collaboration par la ProSpace et StarForce.
Nyorskaïa (325 000 habitants) sur l’astéroïde Hygie est l’autre grande station de la Ceinture, qui a la particularité d’être partiellement autonome. Son port industriel et de transit, le plus vaste de la Ceinture, est sous le contrôle des Consortiums, mais ils ont abandonné une partie de l’administration civile de l’habitat aux colons et réfugiés de la Ceinture, qui se sont empressés de s’organiser et de construire un second port-franc improvisé, qui sert d’étape aux nomades et aux pirates, malgré sa réputation d’être particulièrement vétuste. Il y a donc en quelques sortes deux villes en une sur Nyorskaïa, même si la sécurité et la police sont assurés dans les deux parties par les Consortiums, qui tiennent aussi d’une main de fer tout le marché du travail d’exploitation minière. Les deux parties de la station sont réellement cloisonnées, entre le confort luxueux et moderne de la partie abritant le personnel des Consortiums et la partie gérée par les colons, qui ressemble à une sorte de complexe anarchique qui tient à la débrouille et au bricolage approximatif.
Psyché (82 000 habitants) est enfin la plus grande station minière de la Ceinture, qui exploite les richesses formidables de (16) Psyché. À ce sujet, c’est loin d’être le seul des gros astéroïdes riches de type M (pour métalliques) à être exploité. Mais c’est historiquement le premier, et sa station spatiale sert de centre de ravitaillement pour nombre d’autres installations minières. Psyché est une station entièrement gérée par les Ten Star. Chaque Consortium dispose d’une franchise sur une parcelle de l’astéroïde et chaque nouvelle exploitation doit faire l’objet d’un accord par les Ten Stars. Autant dire que Psyché est un vrai fromage à trous, dont certaines galeries sont devenues autant de structures techniques et de stockage. Psyché est aussi, sans conteste, le plus sécurisé des habitats de la Ceinture, même si les conditions de vie y sont tout de même spartiates ; personne n’aime y vivre longtemps et la durée moyenne de séjour dépasse rarement les cinq ans.
Pour info, on compte 48 autres habitats dans la Ceinture, allant de quelques centaines à quelques milliers de personnes, dont quelques stations de recherche, sept habitats plus ou moins autonomes bâtis par des colons et une dizaine d’avant-postes militaires sous le contrôle de StarForce.
Encart : la pesanteur dans la Ceinture.
Autant dire que, naturellement, la pesanteur, dans la Ceinture, y’a pas, ou presque. Même Cérès, planète naine tout de même, a une pesanteur ridicule : un humain de 50 kg sur Terre y pèserait 1,5 kg ! L’antimasse, qui peut créer une gravité artificielle de 0,25G y est donc particulièrement employée dans tous les habitats et structures de travail où elle serait indispensable. Ceci dit, les ouvriers et techniciens de la Ceinture passent beaucoup de temps en microgravité, jusqu’à plusieurs heures par jour pour certains ouvriers-scaphandriers. C’est pourquoi la première génération née dans la Ceinture ne peut que difficilement être rapatriée sur Terre. Seules les conditions de Luna présentent pour eux un faible degré de risques de santé.
Contexte social & géopolitique
On va détailler un peu les activités des différents groupes actifs au sein de la Ceinture, du moins ceux sur lesquels il est important de s’arréter, et les responsabilités des uns et des autres.
La Commune d’ Hygie
A la question, existe-t-il un gouvernement ou une autorité qui représente les colons de la Ceinture, la réponse est donc : oui… mais non, pas encore vraiment…
Quasi-nation quelque peu balbutiante, la Commune de Hygie est née à Nyorskaïa, quand les colons de la station ont pris en main leur propre gestion et ont lancé la construction d’un port-franc. La Commune d’Hygie est un gouvernement politique fonctionnant sur le principe d’une démocratie directe, où les différents postes exécutifs sont gérés en commissions, avec pour chacun une dizaine d’élus et un délégué qui parle en leur nom lors des assemblées de la Commune. L’aspect législatif est réellement géré par des votations de l’ensemble de la communauté civile de Nyorskaïa. Donc tout le monde non seulement vote pour chaque décision ou proposition de loi, d’amendement, d’initiative mais peut aussi en soumettre au vote, pour peu qu’il ait le soutient d’un délégué ou de trois membres d’une commission. Quant aux délégués et membres des commissions, ils peuvent voir leur place sauter sur votation directe, ce qui arrive en fait assez souvent. La Commune est assez anarchique par essence, mais elle est aussi assez chaotique dans son organisation et a du mal à trouver une stabilité efficace. Ceci dit, elle est parvenue à unifier tous les colons de Nyorskaïa et tenir tête pacifiquement à l’administration des Consortium, ce qui n’est déjà pas mal.
La Commune est aidée et appuyée par des conseillers des CCS de Luna, qui ont la prudente intelligence de limiter leur aide directe auprès de l’organisation pour ne pas se retrouver taxés de faire de l’influence. Ceci dit, personne ne se fait d’illusions que Luna cherche là un moyen de se créer des relations diplomatiques privilégiés avec les mouvements protestataires de la Ceinture afin d’être en bonne position le jour où une première autorité viendra demander sa reconnaissance comme Nation auprès de l’UNE. Les Ten Stars ont eux aussi tenté d’envoyer quelques conseillers – en général assez mal accueillis – et même fournis quelques moyens techniques pour la gestion administrative de la Commune ; rien de gratuit dans leur initiative mais plutôt un travail d’influence pour s’assurer de pouvoir avoir une certaine emprise sur ce qui risque de devenir un jour une nouvelle nation.
À ce sujet, l’UNE reconnait effectivement la Commune comme organisation autonome (et pas encore comme nation), mais surtout parce que ses statuts l’imposent. Pour le moment, l’assemblée de l’UNE en est encore au stade d’en discuter dans les couloirs et les Ten Stars font de leur mieux pour que cela n’aille pas trop vite. Car si l’UNE venait à accepter la reconnaissance officielle de la Commune d’Hygie, cette dernière pourrait demander à se placer sous tutelle directe de l’UNE, ce qui rendrait de facto toute forme d’autorité des Consortiums nulle et non avenue.
Enfin, la Commune ne fait pas l’unanimité au sein des colons de la Ceinture. D’aucuns la trouvent trop pacifiste et pas assez radicalisée et les autres craignent que l’organisation ne soit jamais capable d’assurer les besoins vitaux qui actuellement sont fournis par les Consortiums, y compris des emplois. Par exemple, elle n’a pas réussi à s’implanter à Midway, où les groupuscules criminels locaux les ont chassés violemment. Quant aux pirates nomades, il est, pour la plupart d’entre eux, hors de question de s’allier à une organisation qui collabore avec les Ten Stars et l’UNE via ses organisations humanitaires. Pour le moment, la Commune d’Hygie est donc un idéal balbutiant encore cantonné à la seule station de Nyorskaïa ; ses idées de révolution pacifique et de grande union des camarades de la Ceinture ne commencent qu’à peine à faire leur chemin.
Les Consortiums de la Ceinture
Sont-ils donc tous pourris ? Alors, non, et heureusement. Par exemple, pour les Consortiums des Ten Stars et ceux membres de l’UNE, la majorité est en train de déployer les premières mesures d’un Dividende Universel et d’une protection sociale pour les colons de la Ceinture. C’est un travail en collaboration avec l’UNCC (la Commission Coloniale Internationale), l’UNRAA (L’United Nations Refugee Assistance Agency), les représentants de syndicaux locaux et de syndicats terriens, et avec des observateurs de l’UNE. Le gros problème est surtout légal et administratif : la plupart des colons de la Ceinture sont des représentants ou descendants d’immigrés de Zones d’Exclusion. Ils n’ont donc, sauf exception, pas de nationalité officielle. L’UNE a beau rappeler que dès lors, ils peuvent prétendre à une reconnaissance légale internationale, peu d’entre eux la demandent, par choix – l’UNE n’est pas très aimée dans la Ceinture – ou plus couramment par ignorance de son existence. Et c’est un travail long, compliqué et encore ralenti par le fait que l’UNCC est en pleine période de réforme intérieure après les scandales consécutifs à la Seconde Guerre des Consortiums.
Par contre, autant dire que ce n’est pas la même musique avec les Consortiums alignés du côté du TEP (Transpolar economic Pact) qui eux, ne voient aucun intérêt à améliorer les conditions de vie des colons de la Ceinture. Ce sont d’ailleurs ces derniers – dont certains sont AUSSI membres des Ten Stars – qui préfère employer des méthodes répressives, et tant pis pour les morts, que des méthodes sociales et progressistes. Cette répression n’a d’ailleurs qu’un but : assurer la sécurité de leurs propres exploitations minières et de leurs chantiers spatiaux. Rétablir l’ordre dans la société de la Ceinture, ça leur fait une belle jambe !
On reviendra en détail sur les Consortiums actifs dans la Ceinture, avec ceux qui sont plutôt cools, et ceux qui ne le sont pas du tout.
Le rôle de l’UNCC
L’United Nations Colonial Commission est un bureau de l’UNE dont le mandat spécifique est l’attribution, l’administration et le contrôle des licences de colonisation des territoires hors-sol. La Commission Coloniale est un chaos administratif chargé d’harmoniser les législations propres à chaque état-membre afin de permettre la colonisation spatiale ; et elles s’harmonisent très mal. Les Consortiums eux-mêmes faisant pression au sein de l’UNE sur l’UNCC chacun pour leur intérêt, l’efficacité de la Commission est très relative en règle générale. Cette réputation de complexité, de lenteur et de corruption notoire lui colle à la peau et les tensions sont très fréquentes entre l’UNCC et les grandes agences spatiales publiques.
Dans la Ceinture, c’est officiellement l’UNCC qui attribue les licences d’exploitation des astéroïdes et les attributions de secteurs aux nations et aux Consortiums. Mais en fait, jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre des Consortiums, c’est surtout les Ten Stars avec le Tribunal de Gateway qui avaient pris les rênes, l’UNCC trop heureuse de refiler le bébé du cas de la Ceinture à un autre organisme et ses directeurs locaux d’encaisser les dessous de table. Le fait que les Consortiums s’assoient dès lors sur les règlementations internationales que l’UNCC était censé protéger étant le dernier de leurs problèmes. Autant dire que dans ces six dernières années, l’UNE a lancé une réforme complète de ce bureau qui battait des records de corruption, mode nettoyage à grande eau.
Le souci, c’est que, pendant ce temps, l’UNCC est toujours incapable de faire convenablement son travail, au grand désespoir des investisseurs qui voient leurs projets ralentis, quand ils ne sont pas carrément suspendus. Dans la Ceinture, il n’y a qu’une poignée de personnel administratif, dont la plupart sont peu compétents ou simplement dépassés par la situation et, si tout se règle sur Terre, dans les faits, pour le moment, tous les dossiers concernant la Ceinture sont suspendus et les procès commencent à embouteiller plusieurs tribunaux internationaux.
La ProSpace
La Space Protection Agency est une organisation internationale de surveillance, d’intervention et de secours spatial, sous contrôle directe du Conseil Intérieur de l’UNE. C’est un grand réseau chargé de protéger les biens et les personnes dans l’espace, et qui intervient eu cas d’accident qui nécessite des compétences spécialisées et des moyens conséquents. En gros, ce sont les pompiers et les secouristes du système solaire, équipés de vaisseaux rapides et nantis d’une robotique conséquente. Ils sont principalement financés par les subventions de l’UNE et par une « taxe-espace » sur tout le fret orbital autour de la Terre et Luna. Un écot que tout le monde a toujours accepté de payer sans trop rechigner, au vu des services de la ProSpace. Callisto et le système Jovien sont hors de la juridiction de ProSpace ; sur place, ce sont les unités de secours militaire de StarForce qui jouent ce rôle.
Pour la petite histoire, cette agence, qui a sauvé pas mal d’habitats spatiaux dans son histoire, était autrefois nommée les Eboueurs Spatiaux et avait pour tâche prioritaire de nettoyer les orbites de la Terre et Luna des quantités de débris accumulés depuis le 21ème siècle.
Les agents de la ProSpace n’ont rien d’une police, malgré qu’on les confondent souvent avec une force de maintien de la paix dans la Ceinture. Mais, malheureusement, il n’y a pas de police officielle dans la Ceinture ; seulement 110 employés administratifs de l’UNCC et un peu plus d’un millier de Casques Bleus, qu’on imagine bien totalement dépassés. Donc, la ProSpace est venue aider en renfort de son mieux, tout en tentant de mettre sur pied des forces de police locale avec un minimum de formation et qui pourraient être reconnues officiellement. Elle travaille d’ailleurs en collaboration –compliquée – avec la Commune d’Hygie.
Les Casques Bleus & les actions humanitaires
Comme on l’a vu plus haut, il n’y a que peu de Casques Bleus de l’UNET (United Nations of Earth Taskforce ) déployés dans la Ceinture. Les événements de 2200 et 2201 ont conduit l’UNE à devoir choisir ses priorités dans ce domaine et réduire le contingent au minimum, c’est-à-dire environ 1300 militaires. Le travail des Casques Bleus est surtout d’assurer la sécurité des sites des agences humanitaires sur les stations, comme Midway, et de fournir un minimum de surveillance et d’intervention de police dans l’espace, dans la lutte contre la piraterie, ce qui la force d’ailleurs à travailler avec les mercenaires et armées privées des Consortium, ce qui ne se passe pas sans heurts et incidents réguliers.
Ce sont les organisations humanitaires, avec en tête l’UNRA (United Nations Refugee Assistance Agency) et l’OICR (organisation Internationale de la Croix Rouge), qui se chargent de fournir assistance et aide au rapatriement des réfugiés de la Ceinture. Annuellement, près de 40 000 d’entre eux peuvent ainsi rejoindre Luna ou la Terre, mais non sans difficultés. Pour les rapatriements vers la Terre, qui passent par des escales aux stations orbitales comme Crazy Horse, il faut compter plusieurs mois de traitements médicaux d’adaptation pour passer de 0.25 G à la gravité de la planète bleue, et ce n’est pas sans conséquences sur la santé. Pour Luna, qui en général oscille entre ses 0.16 G naturels et les 0.25 G de l’antimasse, c’est, heureusement, plus facile et c’est elle qui accueille plus des deux tiers des réfugiés.
StarForce dans la Ceinture
Pour rappel, StarForce (l’UNESD, United Nations of Earth Space Defense) qui est une armée de coalition, même si elle a été créé par l’UNE, n’a qu’une seule mission : défendre la Nouvelle Humanité contre toute menace extérieure. En bref, et cela l’occupe déjà bien assez, elle se bats contre les Hengeyokaï. Donc, les conflits entre intérêts terriens dans la Ceinture, ce n’est ni son mandat, ni son problème.
Ceci dit, StarForce a un besoin vital que les chantiers navals de Luna tournent à plein régime et, pour cela, elle a besoin que les industries minières de la Ceinture soient fonctionnelles et que le fret soit assuré efficacement. C’est pourquoi StarForce a fini par intervenir en soutenant les Casques Bleus à la fin de la Seconde Guerre des Consortiums, non sans beaucoup de réticences et de remous diplomatiques majeurs.
C’est pourquoi, depuis que le calme est revenu dans la Ceinture., même si tout est relatif à ce sujet, StarForce essaye de se mêler le moins possible de ce qui s’y passe. Elle se cantonne à une tâche principale : sécuriser les voies de transit entre Luna et Callisto et protéger ses propres convois de marchandise. Ceci dit, StarForce s’est donné la liberté de considérer tout affrontement spatial entre intérêts privés, genre, par exemple, les pirates ou encore les mercenaires, comme relevant de ses compétences au nom de la lutte contre les menaces extérieures.
Et elle l’a fait savoir assez bruyamment pour que le message soit clairement passé : on ne se bat pas autour des voies principales de transit spatial, ni autour de Midway, ou elle vient régler le problème de sa manière préférée : l’annihilation des deux parties. Autant dire que l’avertissement n’est pas pris à la légère et les principaux couloirs spatiaux où circulent les vaisseaux entre Luna et Callisto sont très sûrs. StarForce ne s’occupe pas du reste ; mais tout le monde sait qu’elle a déjà offert un appui logistique aux Casques Bleus ou encore à ProSpace en cas de gros problème. Aussi, que ce soit pirates et mercenaires, tout le monde est assez prudent quant à l’usage de la force dans l’espace au sein de la Ceinture, on ne sait jamais.
Ceci dit, StarForce participe aussi aux actions humanitaires dans la Ceinture, avec quelques centaines d’intervenants, médecins, ingénieurs, secouristes et autres experts qui viennent prêter main-forte. Et, bien sûr, elle en profite pour recruter, une activité qui fonctionne très bien auprès des réfugiés
Visiter la Ceinture
Vous y tenez vraiment ? Non, car après tout ce qu’on a présenté ici, vous comprendrez que l’endroit n’est vraiment pas touristique. Il y a bien quelques vaisseaux de croisière qui font ce qu’on appelle le Grand Tour, une visite autour de Mars, de Cérès, puis du Système Jovien après une escale à Midway, mais les passagers de ces croisières de luxe ne quittent jamais le bord, surtout depuis que Midway est devenu franchement dangereux en terme de criminalité.
La ligne régulière de passagers la plus importante dans la Ceinture est celle des vaisseaux à destination du système Jovien, qui font étape à Mars, puis Gateway avant de finir leur route au Seuil de Callisto. Ces transports sont civils et militaires, mais sous contrôle de StarForce.
Ceci dit, il y a un peu de tourisme d’aventure organisé en vol de charter spatial, avec une visite de Gateway, Nyorskaïa, Psyché et deux ou trois autres stations mineurs, pour un nombre de passagers restreints et qui payent ce voyage une petite fortune, malgré des conditions de confort très relatives. Mais c’est un voyage risqué, et qui doit se faire avec des gardes-du-corps efficaces et des guides locaux sûrs, car l’enlèvement contre rançon est un véritable risque dans la plupart des habitats de la Ceinture. Et ce n’est pas le seul !
Il faut bien comprendre que, depuis dix ans, la piraterie est une réelle menace dans la Ceinture. Environ 100 000 personnes dépendent peu ou prou de cette activité pour leur survie (certains estiment que c’est plutôt 150 000). L’autre menace est celle des exploitations illégales, avec leurs conséquences directes, comme le trafic de vaisseaux sans transpondeurs ni radar. La plus risquée est celle des débris crées par des méthodes minières artisanale faisant la part belle à l’usage des explosifs et des impacts cinétiques. Dans les zones d’exploitation illégales, et elles se multiplient, ces débris, petits et à haute vélocité, peuvent faire des ravages pour des vaisseaux qui, pour la plupart, ne disposent pas de boucliers Stats ni de doubles blindages sécurisés. La ProSpace a fort à faire pour endiguer ces risques et alerter les habitats et les vaisseaux sur les voies de navigation de la Ceinture.
Et un dernier risque, consécutif à tous les autres, ce sont les débordements et abus de la sécurité privée des Consortiums. Les mercenaires ont des méthodes, ou même des objectifs, qui, parfois, ne sont guère différents des pirates et profitent de leur position pour du chantage, de l’extorsion, voire carrément du pillage à l’occasion. La Ceinture est un endroit dangereux et anarchique, et elle le restera encore pour une vingtaine d’années, l’estime StarForce.