Criminalité, justice & lois, partie 1
Crédit : The Expanse, série.
Si les Schattenjägers ont pour spécialité d’enquêter sur les phénomènes des Twilight Zones, ils se retrouveront tôt ou tard face à la criminalité, aux procédures d’enquête de police et à la justice, soit du bon côté, soit du mauvais côté de la loi et, parfois, sans trop savoir où est la limite entre les deux côtés. Donc, abordons un peu un des sujets de société les plus importants pour comprendre la civilisation de la Nouvelle Humanité : le crime, la justice et les enquêtes au 23ème siècle.
Ceci est la première partie d’un chapitre en 2 parties.
1- La criminalité
Il y a des choses qui ne changent pas. Et, dans une société, le crime en fait partie : il peut changer d’importance, de gravité, de type, mais il ne disparait jamais. Ceci dit, la criminalité, comme statistique des activités dans une société dépend d’éléments contextuels dont, le plus important est l’instabilité sociale.
En gros, plus les gens craignent pour leur avenir ou se demandent comment survivre au jour le jour, plus nombreux sont ceux qui commettront des crimes, par opportunisme ou par nécessité. Pauvreté, chômage, violences d’état, désastres naturels, guerres, démission des services sociaux, sont autant de conditions qui augmentent la criminalité.
Et si on vous dit tout cela c’est, qu’en général, la société du 23ème siècle, avec son dividende universel et sa gestion publique très sociale, capable de fournir tous les services essentiels en terme de santé, de sécurité, de culture et d’éducation aux citoyens, est une société qui, toujours en général, connait, grâce à ce contexte favorable, assez peu le crime.
Mais ceci dit, assez peu ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. D’abord, parce que pas mal de crimes et délits ne sont pas motivés par la nécessité ou l’opportunisme, mais plutôt par l’intérêt personnel ou la facilité. Ensuite, parce que beaucoup de crimes sont commis sous l’impulsion ; ils ne sont pas particulièrement réfléchis ou encore sont motivés par des émotions mal gérées.
Bref, la criminalité n’a pas disparue au 23ème siècle. Dans le meilleur des cas, elle a simplement changé pour être moins présente, moins violente, plus discrète et aussi plus occasionnelle ; dans le pire des cas et dans certaines nations, elle reste encore endémique, dangereuse et très présente. Ceci dit, au sein de l’UNE, on est à des chiffres plutôt bas. Si les petits délits ne sont pas rares (ici on parle de choses comme ivresse sur la voie publique, outrage publique, violation de propriété privée, délit écologique, etc), le reste chute rapidement. Le trafic de produits prohibés ne dépasse que rarement 1%, les actes de violence 0,1%, les délits financiers 0,03%, les cambriolages 0,01%, les homicides 0,001%. Ceci dit, cela suffit à bien occuper les forces de police qui, simplement, ont assez rarement crainte de se faire tirer dessus par les criminels.
Les types de crimes
On distingue trois cadres : la contravention, le délit, le crime. La contravention, c’est une violation d’une loi par un individu, mais dont la gravité ne justifie pas autre chose qu’une amende et qui en général ne fera pas l’objet d’une procédure judiciaire. Le délit, c’est une violation de la loi qui justifie une peine correctionnelle, mais pas forcément une privation de liberté, et en général, jamais supérieure à trois à cinq ans. Le crime, c’est, enfin, la classe de violation de la loi qui frappe les actes les plus graves et fait encourir à son auteur une peine de privation de liberté d’au minimum trois ans.
La contravention
En gros, tout ce qui entre dans le cas des incivilités, du non-respect des obligations de sécurité, de prudence, des violences non-volontaires et des agressions sans atteinte physique ou morale volontaire est du domaine de ce genre de crime. On peut donc citer la diffamation, les injures, le non-respect des codes de sécurité publique, d’une injonction de l’autorité public, la violation de propriété sans vol ou dégradation, le tapage, les menaces, etc… Plus la nature de la contravention est grave, plus l’amende sera salée, mais le point commun est que l’intégrité physique ou morale des éventuelles victime n’a pas été atteinte, ou l’a été seulement de manière non-volontaire. Car, si c’est le cas, on entre à minima dans le délit.
Une contravention, ce sera donc en retour une amende, qui n’est pas fixe, mais correspond à un % des revenus annuels du contrevenant. En terme de somme, cela veut dire que pour un citoyen lambda, la plus petite amende serait d’environ 50C, mais pourrait être, pour la même infraction, de 2500C pour un patron de Consortium. La plus grosse amende de ce genre serait alors de 2000C pour un bénéficiaire du dividende universel, mais cinquante fois supérieure pour un contrevenant très riche. … enfin, si on arrive à le faire payer.
Le délit
On entre ici dans la catégorie la plus large, pénalement, des crimes possibles, donc la liste est malaisée à même essayer de résumer ; leur point commun est que tous finissent au tribunal et que la peine encourue va d’une forte amende à une peine de privation de liberté en passant par une limitation des droits civiques et, parfois, tout à la fois. On peut citer, en plus de la détention illégale d’armes de catégorie deux et trois, tous les crimes financiers, comme les abus de confiance, les faillites, les chantages, la corruption, la prise illégale d’intérêt, la manipulation boursière ou les trafic d’influence. Mais aussi tous les crimes de banditisme : le recel, le racket, la complicité de malfaiteurs, le refus d’obtempérer, le délit de fuite, le trafic de produits prohibés, le vol sans usage de la violence. Et enfin, les délits de mise en danger de la vie d’autrui et d’atteinte modérée à l’intégrité physique ou moral qui n’entrent pas dans la catégorie de crime. À noter que l’apologie d’opinions violentes, haineuses ou discriminatoires sont en général des délits assez sévèrement punis dans l’UNE, comme les crimes d’atteinte ou de dégradation écologique. La justice n’est pas tendre non plus avec les agressions sexuelles, les abus sur mineur, les harcèlements ou les coups et blessures, qui souvent, selon les dégâts, passent au stade du crime.
Bref, les délits, c’est beaucoup de chose ; mais tant qu’on n’entre pas dans les trafics de produits dangereux ou mortels, de criminalité organisée ou internationale, de terrorisme, d’atteinte à la l’intégrité physique ou morale ou encore de crimes économiques ou écologiques graves, on reste dans le délit. Un délit, c’est donc un passage devant un tribunal, une affaire qui peut demander des enquêtes et des procédures judiciaires importantes et des conséquences qui ne sont pas innocentes. Ceci dit, il est peu commun que le coupable finisse en prison. La prison est, au 23ème siècle, surtout réservée aux coupables de crime ou aux individus considérés comme trop difficiles à contrôler autrement ; on préfère la privation de liberté à domicile ou en éloignement, la limitation des droits civiques comme l’inégibilité ou l’interdiction de toute fonction publique et les amendes, sans oublier d’importants suivis de réinsertion socio-pédagogique pour éviter les récidives. Quant au sujet des amendes, c’est ici qu’on peut entendre parler d’amendes-records à quelques dizaines, voire centaines de millions de C frappant des coupables de gros délits de finance.
Le crime
Pour faire simple, le crime, c’est une infraction qui a provoqué des morts, mis en danger la vie d’autrui, a porté atteinte à l’intégrité physique ou morale d’une ou de plusieurs personnes, ou encore a mis en danger l’intégrité écologique d’un milieu, le tout pouvant être de manière directe ou indirecte, par action volontaire ou par complicité. À noter que, dans la philosophie juridique du 23ème siècle, gravement léser financièrement et provoquer la ruine de victimes est considéré comme une atteinte morale, et de fait jugé sévèrement. Les crimes sont donc les meurtres, les coups et blessures y compris la violence domestique, les viols et tentatives de viol, les agressions sexuelles caractérisées, le vol à main armée, le recel ou le trafic d’armes ou de substances dangereuses, le terrorisme, les crimes financiers et même certains cas de harcèlement.
La liste est large, donc, mais elle concerne toujours des crimes aux répercussions graves. Attenter à l’intégrité des personnes, que ce soit moralement ou physiquement, ou à celle du biotope, est bien plus fortement poursuivi et puni qu’attenter à des biens ; la Nouvelle Humanité est moins matérialiste et se soucie beaucoup plus de l’individu que de la propriété. Le plus énorme cambriolage sera rarement puni de plus de dix ans de prison alors que des coups et blessures à conjoint sera considéré comme autrement plus inacceptable et entrainera facilement plus de cinq ans de privation de liberté. À noter que la peine de mort est rare ; elle est interdite à l’UNE, comme toute forme d’emprisonnement à vie. Dans les faits, il arrive pourtant que certaines peines de prison soient supérieures à 30 ans. Si les conditions d’incarcération sont en général plus humaines qu’au 21ème siècle, ce genre de peine de longue durée, néanmoins rare, revient pourtant à une condamnation à vie, ou peu s’en faut.
Les criminels au 23ème siècle
Bon, maintenant qu’on a pu faire un rapide topo des types de crimes et de comment ils sont traités en résumé, si nous parlions un peu des criminels au 23ème siècle ? Comme nous en avons parlé plus haut, ils sont un peu différents de ceux de l’occident du 21ème siècle ; ceci dit, difficile de brosser un portrait complet, tant il changerait d’une région du monde à une autre, alors, on va un peu généraliser.
Les malfaiteurs occasionnels
On va passer sur les comportements idiots de la part de jeunes qui décident d’aller essayer une bêtise par défi, curiosité, amusement et on passe. C’est très fréquent, c’est presque une étape obligée et c’est en général géré par des ilotiers proches des communautés du quartier concerné et se conclut souvent par des arrangements et des travaux d’intérêt général.
Ceci dit, la petite criminalité c’est aussi divers trafics et pratiques illégales. Le dividende universel, d’une part, ça ne fait pas tout, d’autre part, ce n’est parfois pas bien lourd financièrement selon les états. Et même dans un monde où le chômage ne dépasse pas les 3 à 4% de moyenne, parfois, ce n’est pas si simple de se trouver un boulot tranquille et à sa convenance. Aussi, aller trafiquer un peu ici et là ou faire des boulots au noir, y compris interdits, n’est pas rare. Un exemple en est la prostitution, qui est légale, mais réglementée et encadrée (elle demande des diplômes, licences, enregistrements aux chambres de commerce, etc..), mais aussi la fabrication ou le trafic d’alcools forts ou de drogues illégales, y compris les Logos de contrebande, ainsi que des trucs comme la robotique illégale. Ces activités sont en général en lien avec une pègre plus structurée.
Les bandes organisées
Souvent l’instrument le plus visible des pègres en lien avec les grands trafiquants, les bandes organisées assurent souvent la distribution des services et produits illégaux en conservant un contrôle sur un secteur devant d’autres bandes organisées ou distributeurs indépendants, dans un conflit discret pour s’assurer les meilleurs parts et les emplacements les plus juteux, le tout en devant se trouver des moyens de blanchir les gains de leurs activités. Accessoirement, ils sont actifs dans l’extorsion, le racket, le jeu de hasard ou encore le proxénétisme.
Donc, ici, on surtout parle de gangs, qui peuvent avoir différentes allures, des bandes de motards ou de nomades des routes en passant par des gangs ethniques ou culturels. Le point commun c’est que même les plus violents de ces gangs le sont autrement moins qu’au 23ème siècle et sont, sous la pression de moyens de police plus efficaces, nettement plus discrets dans leurs activités. Ceci dit, ça ne rends pas moins dangereux de s’y frotter ; simplement, ces gangs restent relativement peu nombreux et éparpillés pour éviter d’attirer l’attention et ils préfèrent filer en douce en cas de gros problème plutôt que de passer à la confrontation violente. À noter que les gangs adorent les ghettos et les zones d’exclusion péri-urbaines, c’est-à-dire les coins où les forces de l’ordre ont des soucis à intervenir efficacement.
Sur le continent américain, les gangs les plus célèbres sont les Hells Hounds, les Tacunos, les 50-Street ou encore les Black Arrow. Sur le continent africain, il s’agit des Fezzanas, des Sol-7 ou encore, les plus internationaux et violents, les Nanyokieas.
Les grands trafiquants
Si les drogues douces sont en général en vente libre et contrôlée, et que la prostitution est elle aussi légale et très réglementée, il y a toujours une faille dans laquelle s’engouffrer pour fournir des produits et services illégaux, pour peu d’en avoir les moyens et les réseaux. C’est dans ce genre de brèches que les pègres s’engouffrent et font leurs affaires, à de grosses échelles, employant comme intermédiaires les petits revendeurs et les bandes organisées.
Les grands trafiquants, ce sont donc les pègres et les organisations maffieuses à l’échelle de grandes villes ou de régions entières, parfois elles-mêmes organisés en réseaux internationaux, avec conseil d’administration, cabinets d’avocats et de DRH, sociétés-écran et d’investissements, centres de recrutements, entrepôts, réseaux de transport etc. Les grands trafiquants pratiquent le trafic de drogues et d’autres produits interdits, le racket à grande échelle, le trafic humain et le proxénétisme, le financement occulte, etc. Organisés comme de véritables entreprises, parfois d’ailleurs en cheville avec des consortiums ou des organisations politiques, voire étatiques, les grands trafiquants rivalisent d’inventivité aussi bien dans leurs capacités à échapper aux forces de police que dans l’innovation de leurs produits et services. Au vu des moyens de ce genre de pègres, ce sont les unité d’enquête fédérales et internationales qui pourchassent et tentent de contrecarrer ces organisations. C’est d’ailleurs une partie très importante de l’activité de l’UNADP. Fondamentalement, ce genre de pègre, il n’y en a pas tant que cela, et elles sont nettement moins puissantes au 23ème siècle qu’au 21ème. Mais elles restent assez efficaces et dangereuses pour être parfois un véritable problème dont les enjeux peuvent être d’échelle géopolitique.
Les pègres les plus connues sont le Cartel Maya, la Maffia Libanaise, la Personalabteilung de Zurich (que tout le monde appelle le Personal-Zurich), la Maffia Californienne, le Cartel Libérien et les Triades de Xi’an.
Les mercenaires & les vétérans
En quelque sorte un cas particulier, qui participe de la criminalité du 23ème siècle. Conséquence, principalement, de la Guerre Éternelle, mais aussi de la Seconde Guerre des Consortiums, le monde s’est retrouvé avec plein de vétérans avec des problèmes de réinsertion en recherche d’une activité. Et forcément, ça ne se fait pas sans difficultés.
Au 23ème siècle, le mercenariat se porte aussi bien que le trafic d’armes. Sauf qu’une entreprise militaire privée ou des mercenaires indépendants, dont la principale activité consiste à guerroyer dans un conflit, ont besoin de zones de conflit pour travailler, et peu importe quel conflit et pourquoi. Ce qui donne une criminalité potentiellement violente sous couvert d’une activité légale : les sociétés militaires privées, qui ne sont rien d’autre que des compagnies de flingues à louer, en pleine expansion dans un monde qui voit ressurgir un contexte de violence et de menaces à la sécurité.
Le problème du mercenariat et des vétérans, en général, c’est qu’ils ont besoin de trouver du travail, et quand il n’y en a pas assez, ils créent des occasions, grâce aux trafics, aux pègres, aux zones d’exclusion, etc. Ces compagnies sont donc très actives et, sous couvert d’assurer une sécurité armée, nourrissent l’essor d’une criminalité violente qui encourage le trafic d’arme. Un gros problème, malaisé à contrôler à l’échelle internationale, et qui donne beaucoup de fil à retordre à la sécurité internationale et à la lutte contre le terrorisme.
Hormis les compagnies militaires privées liées à des Consortiums, la compagnie mercenaire la plus célèbre, établie en Europe, se nomme les Dragoons.
Les trafics du 23ème siècle
Comme on l’a déjà mentionné, les choses sont quelque peu différents dans les pratiques criminelles et les trafics, entre le 21ème siècle et le 23ème. Ne serait-ce que le rapport de la société aux drogues ou aux mœurs change pas mal de choses, autant que l’apparition de nouveaux produits et de nouveaux services.
Les drogues
Alors, pour commencer, au sein de l’UNE, même si cela change selon les nations qui font les choses à leur manière, sont considérés comme des drogues toutes les substances addictives dont la consommation cause des dommages mesurables pour la santé publique, ce qui va du tabac et de l’alcool jusqu’aux produits dopants et aux Logos. Pour la petite histoire, le café a failli lui-même y être classé dans certains pays. D’autre part, la plupart de ces produits sont autorisés ou dépénalisés et soumis à une législation qui contrôle la distribution et l’accès publique ; soit on peut les acheter et les consommer légalement, c’est le cas pour toutes les drogues douces, soit, pour les drogues dangereuses, leur consommation est illicite mais n’est pas poursuivie légalement, c’est-à-dire que le consommateur encourt juste une saisie de son produit et une proposition de suivi psychopédagogique.
Donc, c’est la distribution des drogues qui est contrôlée. Pas plus que le tabac, l’alcool, le cannabis ou encore l’opium ne sont vendus librement ; ils exigent une licence spéciale afin de mesurer et contrôler la distribution et la consommation locale et les clients ne peuvent ni rester anonymes, ni acheter en grande quantité. La mesure entre drogues douces et drogues dures n’a d’ailleurs plus guère de sens : la différence est spécifique à la neurotoxicité et à l’addiction physique de la substance, plaçant l’alcool dans les drogues dangereuses, à égalité avec les plus forts opioïdes. Ce qui n’empêche pas de trouver de l’opium, du cannabis, du tabac ou de l’alcool en vente ; pour le tabac, ce dernier est très différent dans sa composition, nettement moins toxique en additifs et goudrons, quand à l’alcool, ce sont les alcools forts qui sont les plus limités à la vente. Quant aux trucs encore plus exotiques, comme les Logos, le LSD et les psychostimulants, on peut en acheter des doses sécurisées en pharmacie ou chez des distributeurs agréés. A noter que dans la plupart des nations de l’UNE la consommation de toute drogue, alcool compris, est interdite dans l’espace publique.
Mais bien sûr tout cela, qu’on parle ici de l’alcool de contrebande, de l’héroïne, des neurostimulants, de la MDMA, des Logos et même du tabac à l’ancienne, sans compter des trucs encore plus exotiques, comme les dopants de combat, il en existe un trafic. La politique de dépénalisation pour les consommateurs a des conséquences sur les trafiquants, mais ils se rattrapent en proposant des produits particulièrement forts et exotiques à des consommateurs qui ont abandonné l’idée de protéger leur santé ou qui pensent être au-dessus des conséquences. Bref, même si la clientèle captive est bien moindre, et donc le marché plus limité, les trafiquants ont toujours un marché à fournir. Et dans certains coins, les drogues font encore des ravages.
Ceci dit, la délinquance liée directement à la consommation de drogue, elle, a largement chuté, en règle générale, pour presque disparaitre, puisque le toxicomane, considéré comme victime, ne craint pas la justice, peut toujours se procurer le matériel dont il a besoin, les palliatifs à sa dépendance, et finalement sait qu’il a toujours une porte de sortie pour tenter de se sevrer et s’en sortir, sans risquer une peine judiciaire.
La robotique
Dans le domaine du trafic des technologies illégales, la robotique concerne deux types de technologies, principalement : d’une part les véhicules autonomes, robots et drones militarisés, d’autre part les nanoforges intraçables et les patterns illégaux. Les engin robotiques militarisés et les patterns nanorobotiques ont notoirement la cote car ils permettent de se fournir en équipements et moyens de pointe autrement réservés aux forces de sécurité privés et publiques et hautement prohibés.
Avec un peu de matériel et des moyens de forger des pièces adaptées, on transforme facilement certains domos ou méchas en véritables engins de guerre, autonomes ou pilotés, capables de s’adapter aux conditions et contextes les plus différents. Même une petite bande organisée ne voudra pas rater l’occasion de pouvoir se doter de spiderbots d’effraction ou d’un infatigable dogbot blindé et armé jusqu’aux dents pour surveiller son entrepôt de matos volé. Quant à la pègre, elle ne va pas cracher sur des voitures, aérodynes ou encore sous-marins furtifs et autonomes pour assurer le transport et la protection de ses trafics.
Les augmentations
On passe sur les services médicaux à destination des criminels, plus anecdotique qu’autre chose, même si cela reste un marché juteux dans un monde très sécurisé. Se faire soigner d’une blessure par balle sans se faire repérer par les autorités exige des bons réseaux, et être soigné efficacement demande de bons professionnels et un solide équipement qui ne se trouve pas forcément partout.
Mais, ici, on parle surtout d’un trafic beaucoup plus rentable : celui des augmentations biocybernétiques, des plus innocentes, à la cybernétisation plus ou moins complète. Autant dire que c’est un secteur de trafic de haut niveau, qui demande de gros moyens et n’a pas grand-chose à voir avec des pseudo-médecins de rue pratiquant des implants et remplacement au fond d’une cave. Ceci dit, ce n’est pas forcément moins glauque dans les contextes et les méthodes ; mais les augmentations biocybernétiques restent des produits qui exigent une certaine technologie et de bons niveaux professionnels. S’il existe bien des réseaux d’implantation de force de certaines augmentations dans le cadre du trafic humain et de la prostitution, la plupart sont proposées à des candidats volontaires prêts à payer cher et prendre des risques.
À ce sujet, ce sont les plus puissants de ces réseaux de trafic biomédical qui conçoivent les cyborgs illégaux, en grande majorité de deuxième génération, voire de première. Les cyborgs de troisième génération sont si complexes qu’ils ne sont pas encore à la portée des organisations criminelles.
Le proxénétisme
Au 23ème siècle, la prostitution est une activité professionnelle reconnue, encadrée, protégée et réglementée, qui est d’ailleurs assez courante, même si cela ne concerne qu’un minimum de gens. Vu que le métier est accepté, y compris moralement, l’aspect illégal de l’activité est relativement faible. Le proxénétisme et l’exploitation sexuelle sont, eux, particulièrement poursuivis et sont donc des marchés plutôt risqués.
Ceci dit, si c’est risqué, c’est aussi rentable, pour peu de n’avoir aucuns scrupules et aucunes limites quant aux « services » offerts et on ne va pas entrer dans le détail de ce genre de pratiques illégales, pour épargner le lecteur… et la rédactrice aussi. Ceci dit, même dans le monde criminel, ce n’est pas très bien perçu ; on peut plutôt considérer l’activité comme tolérée pour ce qui concerne l’extorsion et le racket des prostituées professionnelles, mais nettement moins accepté dans le cadre de trafics humains et des pires dérives de l’exploitation sexuelle. Il y a même certains gangs et organisations qui l’interdisent formellement à leurs membres et chassent activement les pègres qui pratiquent cette activité.
Le trafic bioïde
Vous trouvez que l’exploitation légale des bioïdes est déjà glauque et révoltante ? Alors imaginez-en le trafic illégal, sans les contrôles, règlementations et lois qui tentent de rendre un peu plus tolérable cette pratique.
Le trafic humain, au 23ème siècle, s’arrête aux travailleurs illégaux et à un peu de prostitution forcée de victimes extraites des Zones d’Exclusion. Mais fondamentalement, ce n’est pas très rentable et c’est très risqué, comparativement au trafic de bioïdes. Car il n’est pas si difficile, pour une pègre dotée de bons moyens, de se fournir en bioïdes non-déclarés et qu’on ne peut pas tracer ; certains fournisseurs dans les Consortiums y voient une très bonne manne financière qui échappe à tout contrôle. Et il y a toujours une demande, aussi bien dans des cadres professionnels, que pour satisfaire toutes les idées les plus perverses d’une clientèle puissante, riche et dépravée. Imaginez le pire, et vous pouvez le trouver.
Paradoxalement, les plus puissantes organisations de trafiquants ont beaucoup moins de scrupules à cette forme d’exploitation qu’à celle d’êtres humains. Après tout, dans l’opinion publique, les bioïdes ne sont, justement, pas des humains, mais des êtres artificiels naturellement asservis. Plus facile, dès lors, de se justifier de les exploiter de toutes les manières, y compris les pires. Ceci dit, ce n’est pas non plus une marchandise courante, loin de là. Un bioïde coûte cher, on ne le sacrifie pas comme ça, pas sans s’assurer d’avoir pu en tirer un max de bénéfices ; de plus, le trafic est risqué, car très combattu par la justice, y compris à l’échelle internationale.
À noter que s’il est formellement interdit, partout dans le monde, de créer des chimère bioïdes, c’est-à-dire des créatures artificielles exotique à partir de la physionomie humaine, cela n’arrête pas les trafiquants les mieux équipés, souvent au sein de laboratoires illégaux liés à des Consortiums. C’est un marché très secret, pour des produits très rares et des revenus très juteux.
Le trafic des cryptides
La plupart des animaux de compagnie au 23ème siècle sont des animaux d’élevage et des chimères, des animaux génétiquement modifiés, stériles et adaptés à une vie domestique. Posséder un animal familier est assez commun et le choix est varié, au-delà des chiens, chats et autres lapins. Par contre, avoir un animal ou une plante venus d’un milieu sauvage comme animal de compagnie ou plante domestique est, dans le meilleur des cas très réglementé et limité et, le plus souvent, strictement interdit, et les sanctions pénales sont salées.
Petit trafic de luxe très florissant, le trafic d’espèces sauvages, qu’elles soient animales ou végétale fournit une clientèle aisée de collectionneurs peu scrupuleux. Un trafic, qui, dans un monde protégeant en général de son mieux une vie sur terre salement malmenée pendant tout le 21ème siècle, est évidemment très risqué. Mais il y a encore plus risqué et lucratif : le trafic des cryptides.
On vous renvoie donc aux cryptides pour qui ne sait pas de quoi nous parlons, mais, oui, il y a des gens prêts à payer des fortunes pour avoir des cryptides chez eux, vivants ou morts, animaux ou végétaux, au mépris des risques que cela comporte. Et il y a des braconniers et des trafiquants prêts à prendre tous les risques pour fournir ce marché. C’est, heureusement, relativement rare, mais pas sans accidents et drames réguliers, et pas non plus sans conséquences écologiques ; on pense d’ailleurs que c’est ainsi qu’a été introduit en Amérique du nord le Nokosi, un cryptide du lion d’afrique qui s’est particulièrement bien acclimaté en un demi-siècle.
Les armes
On aborde la situation du trafic des armes au chapitre « la guerre ne meurt jamais », mais pour résumer, le trafic d’armes se porte d’autant bien que les stocks d’armes du 21ème siècle et du début du 22ème siècle sont loin d’être épuisés. Les principaux fournisseurs de ce matériel vieillissant mais toujours efficace sont dans les Zones d’Exclusion, où la production et le trafic se porte très bien.
Quant aux armes modernes, une partie de celles-ci échappe forcément aux contrôles sur les ventes d’armements et se retrouve dans des circuits illégaux, qui suivent souvent les mêmes routes que le trafic de drogue, et va de Zone d’Exclusion en Zone d’Exclusion, où tracer et mettre la main sur ce matériel s’avère particulièrement difficile.
La lutte contre le trafic d’arme est une tâche ardue, dangereuse, et qui n’a pas de fin. L’UNADP fait partie des acteurs principaux de la lutte contre ce trafic, qui, depuis environ 20 ans, connait un essor particulièrement inquiétant, faisant craindre un réarmement d’un monde qui avait réussi à se débarrasser en grande partie de cette menace.