Les Schattenjägers, présentation au complet
Alors, ce n’est pas une republication d’article, mais l’article complet sur les Schattenjägers, complétement révisé et réécrit. Et surtout achevé ! Bonne lecture !
Schattenjäger, un terme étrange, dont même l’origine tient de la légende. Dans Singularités, pour les joueurs et la meneuse de jeu, « Schattenjäger » désigne les personnages des joueurs, enquêteurs des phénomènes fantastiques provoqués par les Singularités, qu’on surnomme les Twilight Zones. Étymologiquement, le terme vient de l’allemand et se traduit par : « chasseur d’ombre », en référence aux Twilight Zone, un terme qui lui-même se traduit par : « zone crépusculaire ».
Et si vous vous demandez ce que c’est, Twilight Zone, voici un petit rappel : Twilight Zone est une série américaine d’anthologies de science-fiction, créées par Rob Sterling, diffusée pour la première fois aux USA, de 1959 à 1964, ayant une forte connotation fantastique et étrange. En France, elle fut mieux connue sous son nom de « La Quatrième Dimension ». Mais, la Twilight Zone, dont s’est inspiré Rob Sterling, c’est une expression qui vient de l’US Air Force et qui désigne l’instant précis où un avion est incapable de voir la ligne d’horizon alors qu’il est en phase d’atterrissage.
Schattenjäger, au 23e siècle, c’est désormais un mot qui pour n’importe qui évoque des enquêteurs de l’impossible, des héros désormais populaires des fictions et des médias de la Nouvelle Humanité. Nombre d’entre eux sont interviewés par les médias, parfois suivis par des équipes vidéos de la Trame, on ne compte plus les chaînes qui leur dédie des documentaires et les amateurs qui font des VLOG sur eux. Il y a des quantités de produits culturels qui leur sont dédiés, y compris des goodies, et les derniers blockbusters à succès et jeux SIRM à la mode s’en inspiraient directement.
Et nous allons donc vous les présenter, ces héros de la Nouvelle Humanité et vous présenter, surtout, comment ils fonctionnent au sein des appareils de justice et de police du 23e siècle.
NOTE : ce sera plus facile de comprendre le contenu qui suit en ayant lu les chapitres consacrés à la criminalité, la justice et les lois et celui consacré à l’UNADP. Mais ce n’est pas nécessaire.
1- Que sont les Schattenjägers ?
On va commencer par résumer rapidement : Schattenjäger n’est ni vraiment une profession reconnue, ni une fonction, ni un diplôme. C’est en fait un titre, quelque peu informel, né d’une anecdote devenue une légende, un terme chargé d’idées reçues. Pensez à la manière romancée dont le quidam moyen du 21e siècle perçoit les experts en forensique et les profilers, qu’il ne connait que par les séries télévisées ; ben les Schattenjägers, c’est pareil, mais avec un vernis magique et mystérieux en plus, et pour cause.
Cependant, il existe bel et bien des formations de terrain. Les études et recherches des cryptophysiciens qui étudient les Singularités, le Dr Naburu en tête, ont fourni des procédures, établies à force d’expériences sur le terrain ; celles-ci sont enseignées à tous les agents de l’UNADP, mais aussi aux forces militaires et aux équipes d’intervention de la police et des secours. Cela dit, on est très loin de voir apparaitre des écoles et des cursus professionnels et, en fait, il serait préférable que la Nouvelle Humanité n’en arrive pas là.
D’où vient ce nom ?
En fait, il a été inventé en juillet 2201. Une chaine de médias d’enquête, Schatten Netzwerk, de l’État fédéré helvétique (Europe), suivait une équipe d’enquêteurs spécialisés et de techniciens scientifiques de l’UNADP de Monthey pénétrant au cœur de la Zone d’Exclusion de Genève, né autour des ruines du LHC pendant une des plus impressionnantes Twilight Zones de la Tempête de Réalité. Constatant que certains des enquêteurs, vétérans d’autres Singularités, faisaient preuve d’une réelle intuition face aux risques et aux inconnus auxquels ils faisaient face, la journaliste Martha Merkel les compara à des chasseurs d’ombres. Beaucoup d’analystes estiment que la brutale et tragique disparition de la journaliste et de son technicien lors de cette mission de l’UNADP, qui prit fin de manière précipitée dans une évacuation aux limites de la catastrophe, a beaucoup fait pour imposer le terme Schattenjäger dans la culture populaire, jusqu’à ce qu’il prenne le sens qu’il a désormais. Autant dire que Schatten Netzwerk fit de cette affaire tragique et des images incroyables récoltées par son équipe un événement mondial, qui ne fut concurrencé, la même année, que par la Twilight Zone du Siège de Calcutta.
Ça désigne qui ?
Dans les faits, pour ce qui concerne les Schattenjägers en fonction y compris les personnages des joueurs, il s’agit, pour simplifier d’enquêteurs se spécialisant dans la résolution des problèmes crées par les Singularités. Ils viennent de tous les horizons socioculturels et professionnels, et ont tous comme point commun au moins une expérience rapprochée avec une Twilight Zone.
Oui, les Schattenjägers ont tous vécu une Twilight Zone, de près, et s’en sont sortis. Mais ils ne sont pas les seuls. La caractéristique commune aux Schattenjägers, au-delà d’avoir réussi à survivre à une Twilight Zone et s’en échapper seuls, c’est le lien qu’ils ont créé avec ces phénomènes. Les Schattenjägers expliquent cette intuition qui parfois est plus efficace encore que les détecteur Naburu, par la conscience que « quelque chose se passe ». Une conscience qui serait en rapport avec le lien privilégié que certains Schattenjägers ont aux Singularités : ils en ont souvent été un des premiers observateurs, voire le ou l’un des observateurs zéro.
Ceci dit, avoir été un observateur zéro et avoir réussi à se dépatouiller d’une Twilight Zone par ses propres moyens ne suffit pas. Les Schattenjägers sont passionnés, voire pour certains, obsédés par les Twilight Zones. Ils courent après, pour les étudier, les comprendre et les endiguer, autant pour éviter qu’elles ne fassent trop de ravage que par fascination et désir de confrontation, un peu pour le même genre de motivations qu’aurait un pompier ou un sauveteur en mer : le désir de servir, aider et sauver des gens, mais aussi celui d’affronter en face un danger implacable.
Et bien sûr, sauf à vouloir mourir, perdre sa santé mentale ou encore disparaitre sans laisser de traces – et il y a encore pire – à sa première sortie, un Schattenjäger doit disposer d’une compréhension des phénomènes de Singularités et d’une formation correcte aux procédures de contrôle et d’endiguement des Twilight Zones. Et bien entendu, ne pas oublier qu’il a besoin des moyens légaux et matériels pour faire un tel travail.
Les enquêteurs des Singularités
Et c’est là qu’on retrouve l’image du Schattenjäger en tant que rôle des personnages-joueurs de Singularités : c’est un enquêteur, venant de n’importe quel milieu socioculturel, à la formation professionnelle variée, mais formé sur le terrain aux enquêtes et aux interventions sur des phénomènes paranormaux et des incidents extraordinaires.
Devenir un enquêteur formé et doté des moyens suffisants pour intervenir face à une Twilight Zone, qui nécessite des approches spécifiques, hors du cadre de l’investigation classique, ça ne s’improvise pas vraiment. C’est ce qui explique que la majorité des équipes de Schattenjägers sont des agents fédéraux de l’UNADP ou de l’ONG AEGIS. Ils viennent plus rarement d’agences fédérales locales et sont encore plus rarement des indépendants.
Du coup, est-ce que les Schattenjägers revendiquent leur « titre » ? Oui, plutôt. Nombre d’entre eux sont interviewés par les médias, parfois suivis par des équipes vidéos de la Trame, et tout ça représente une certaine manne financière qui aide pas mal ces équipes quand il s’agit de gagner des sous pour financer leurs activités.
Bien entendu, l’UNADP n’encourage ses agents à entrer dans ce genre de système, mais c’est une agence de l’UNE, qui dépend de dotations de l’organisation internationale : un peu de pub pour attraper des subventions, même l’UNADP ne peut pas cracher dessus. Les agents de l’AEGIS ont beau être eux aussi très sérieux, ils font pareil, avec encore moins de scrupules. Quant aux indépendants, ces derniers, qui exploitent beaucoup cette manne, sont regardés avec une certaine méfiance dédaigneuse par les deux premiers, mais pas forcément si méprisante : enquêter sur une Twilight Zone, c’est risquer la mort et la folie, et ça ne plaisante pas ; c’est un tri très sélectif et efficace. Aussi, les équipes de Schattenjägers sont dans la grande majorité des cas des professionnels sérieux, souvent avec des moyens bien moindres que les agents de l’UNADP et d’AEGIS. Et comme ils ne sont pas fous, si cela dépasse leurs moyens, ils sont les premiers à appeler ces agences et leur céder le terrain.
Combien sont-ils ?
Il n’y a que très peu d’équipes de Schattenjägers, en 2202. Il n’y a pas encore de statistiques exactes –mais on peut être sûr que l’UNE va vite en obtenir, afin de légiférer sur le sujet – mais on n’en compte pas plus de 350 à 400 ; environ 50 à 80 équipes indépendantes, une petite centaine appartenant à une force de police fédérale ou gouvernementale, un peu moins de 50 équipes d’AEGIS, une cinquantaine d’équipes liées à l’UNET et StarForce et, enfin, au dernier décompte, un peu plus de 100 équipes de l’UNADP.
Il faut comprendre que même si des gens avaient une formation et une expérience dans les Twilight Zones, le problème n’était pas encore une urgence majeure avant la Tempête de Réalité de 2201. Oui, il y avait déjà pas mal de manifestations paranormales, y compris quelques-unes ravageuses ; il y avait déjà des gens pour les étudier et déjà quelques experts du sujet chargés d’enquêter dessus. Mais l’explosion du phénomène et la naissance des Schattenjägers, c’est vraiment très récent… et ça implique pas mal de choses, qu’on va développer dans ce chapitre.
Une équipe de Schattenjägers
Là où les enquêteurs de police fédérale, gouvernementale ou de l’UNADP sont en général en binôme, les équipes de Schattenjägers sont le plus souvent composés de trois à cinq équipiers. La première raison est assez simple : le degré de danger et de complexité de toute investigation liée à une Twilight Zone dépasse les moyens et capacités dont disposerait un duo d’enquêteurs. Et il y a une deuxième raison : la plupart des Schattenjägers n’iront pas se frotter à une Singularité sans avoir parmi eux un psy compétent et lui-même disposant d’une expérience dans le domaine. Ce dernier est souvent ce qui permettra au reste de l’équipe de ne pas perdre pied quand les lois de la réalité se mettent à changer et faire ce qu’elles veulent.
Difficile de définir la composition typique des équipes de Schattenjägers, ainsi ce qui suit est juste un exemple d’une équipe de quatre membres :
– L’enquêteur de terrain : en gros, un individu qui connait bien les procédures judiciaires et les techniques d’investigation et est à l’aise avec ce genre de sujets.
– L’analyste : psychologue, psychothérapeute ou encore psychiatre, pouvant venir du civil, du judiciaire ou du militaire, dont la fonction va être de permettre d’aider et secourir aussi bien les Schattenjägers que les témoins et les observateurs.
– Le spécialiste en interventions : en cas de risques exigeant une réponse musclée, ce vétéran avec une formation militaire ou de police adéquate est capable de protéger ses co-équipiers et de faire appliquer les procédures de sécurité, y compris avec l’autorité nécessaire.
– L’expert technique : drones, caméras, systèmes de sécurités, communications, robots, mais aussi senseurs Naburu, l’expert technique est là pour régler tous les problèmes qui demandent des compétences d’ingénierie dans le monde très informatisé du 23e siècle.
2- Les Schattenjägers de l’UNADP
L’UNADP a, en théorie, des règles très strictes en termes de recrutement de ses agents : avoir 24 ans minimum, un diplôme universitaire, un casier vierge, sans oublier des critères de sélection très exigeants privilégiant principalement les expériences judiciaires, policières et militaires et une formation très compétitive qui, au bout de trois ans, ne retient finalement qu’un pour cent des inscrits. Mais tout ça, ça ne concerne pas les Schattenjägers.
Le problème, c’est qu’il faut trouver des agents disposant de l’expérience et de la motivation nécessaires à enquêter sur les Twilight Zones. Puisque la seule expérience efficace consiste à avoir pu s’en sortir en un seul morceau et par ses propres moyens, en ayant été confrontée de près à l’une d’elles, et qu’il faut ensuite être motivé pour recommencer, autant dire que cela ne court pas les rues. Bien sûr, la position et la fonction de tout agent de terrain de l’UNADP font qu’un petit nombre d’entre eux vivent tôt ou tard cette expérience. Mais c’est très largement insuffisant pour former des équipes viables en nombre suffisant, d’autant qu’une équipe de Schattenjägers exige trois à cinq équipiers.
Donc, l’UNADP a très vite dû apprendre, depuis 2201, à mettre de côté ses critères sévères de sélections pour s’adapter aux besoins. Alors, faisons simple : ce sont littéralement les équipes de Schattenjägers de l’UNADP, et les équipes de X-Swat, qui recrutent les nouveaux agents. Puisqu’ils interviennent sur les Twilight Zones, ils peuvent repérer qui, dans cette expérience, s’en est bien sorti en ayant vécu de très près les effets d’une Singularité. Ce qui les intéresse sont les représentants des forces de l’ordre, les militaires, les secouristes, les experts diplômés, mais le choix peut être vaste et très varié. Ils prennent alors contact avec la recrue potentielle une fois que le problème a été réglé, et lui propose de venir passer les tests de recrutement de l’UNADP.
L’UNADP, du coup, oublie certains critères. Si un niveau d’études minimal est requis, le diplôme universitaire est oublié, de même que le casier judiciaire vierge. L’enquête éthique concernant les Schattenjägers est donc plus permissive. Par contre, les profils antisociaux sont toujours refusés, ce qui écarte les individus avides de pouvoir ou narcissiques. Au final, rien que cette modification des critères de sélections implique pas mal de variété, et donc de surprises, parmi les recrues Schattenjägers, alors que l’UNADP est quand même connu pour sa rigueur dans ce domaine, ses agents étant triés sur le volet.
La formation des Schattenjägers dure seulement deux ans, au lieu des trois habituels. Une année en académie, puis une autre année comme agent junior auprès d’une agence ayant une équipe active de Schattenjägers. Les agents juniors ne sont jamais envoyés seuls sur le terrain, bien entendu. L’année de formation en académie reste difficile, mais au contraire des agents classiques, elle n’est pas aussi concurrentielle. Le but est uniquement d’éliminer les candidats les moins adaptés et les moins motivés. L’ambiance est aussi très différente : les procédures des Schattenjägers n’ont pas grand-chose à voir avec celles des agents classiques, et comme les candidats sont très peu nombreux, une camaraderie assez permissive se crée au sein de ces formations, amplifiée par la variété des profils des élèves.
Et au final, cela donne quoi ? Eh bien, des agents beaucoup moins formatés à la rigueur classique de l’UNADP et de son personnel et qui sont clairement plus variés et originaux dans leurs comportements et leur style de vie. Les Schattenjägers de l’UNADP sont, de fait, nettement plus libres et indépendants d’esprits que leurs collègues. De plus, tous sont des agents spéciaux dès la fin de leur formation, sans passer par les trois ou quatre années classiques d’agents juniors puis exécutifs du reste du personnel de l’UNADP.
Les Schattenjägers ont ainsi une réputation d’indiscipline et de manque de rigueur assez notoire, au sein de l’UNADP. Ça ne va pas jusqu’à les considérer comme des clowns, d’autant que leurs missions comportent des risques réels et que le taux d’accidents et décès est assez élevé, mais ils sont vus comme des agents à problèmes, qu’il faut canaliser, surveiller, et dont il faut supporter les frasques fréquentes.
3- Les Schattenjägers d’AEGIS
AEGIS est une ONG qui a été créée pour enquêter sur tous les détournements et accidents scientifiques, technologiques et industriels liés aux piles Shipstone. Mais ce n’est pas réellement un secret qu’AEGIS a aussi été créé spécifiquement pour étudier les Twilight Zones et intervenir en cas de risque, avec une collaboration plus ou moins étroite avec les autorités locales et l’UNADP.
Dans les faits l’intérêt particulier d’AEGIS pour les événements paranormaux est aux limites de l’obsession. Ses équipes d’agents sont très autonomes, très mobiles et particulièrement bien formées, dotés de moyens parfois très impressionnants qui suscitent même la jalousie des équipes de l’UNADP et secondés d’armées d’avocats experts chargés de couvrir leurs actions, parfois aux limites de la légalité. On comprend un peu mieux pourquoi ces agents ont une réputation de francs-tireurs et sont notoirement redoutés quand ils commencent à mettre leur nez dans une affaire en lien avec une Singularité. D’autant qu’ils ne répondent d’aucun gouvernement et sont très doués pour échapper aux poursuites légales consécutives à leurs frasques.
Les membres d’AEGIS sont recrutés dans tous les milieux avec des critères sévères de sélection et le plus souvent par cooptation. Principalement, ces critères exigent des experts scientifiques et militaires avec une expérience conséquente, ou encore des vétérans des forces de l’ordre ; et être un ancien employé d’une des sociétés du Consortium Shipstone facilite le recrutement. À la différence des Schattenjägers de l’UNADP, les agents d’AEGIS recrutés n’ont pas tous une expérience de confrontation sur le terrain à une Twilight Zone ; AEGIS considère que cette expérience pourra être apprise sur le terrain, un choix un peu discutable vu les risques élevés que cela se finisse mal pour ces agents.
Mais AEGIS chasse, évidemment, les profils de Schattenjägers, avec une efficace débauche de moyens. Ils visent ceux qui ont été recalés durant la formation de l’UNADP, débauchent à grand coup de contrats juteux les membres d’équipes gouvernementales ou fédérales ou encore proposent un recrutement on ne peut plus attractif aux indépendants, le tout pour parvenir à garnir ses rangs. Ce qui donne donc, un peu comme pour l’UNADP, des profils d’agents très variés et parfois surprenants. Ce qui est un peu une norme, pour les Schattenjägers : la contrainte de trouver un candidat qui a vécu et a survécu efficacement à une Twilight Zone et, mieux, qui possède cette fameuse intuition du paranormal, fait qu’il faut abandonner, la plupart du temps, les critères classiques de recrutement.
On ne sera donc pas surpris d’apprendre qu’une bonne partie des Schattenjägers d’AEGIS est tout à fait, si ce n’est plus, semblable à ceux de l’UNADP : réputés indisciplinés, peu enclins à se plier aux règles et aux procédures, nécessitant de les canaliser, et pourtant, c’est sans doute cela qui les rend les plus efficaces, car les plus aptes à s’adapter à la variété des cas de Twilight Zones. Après tout, les Singularités, elles, ne suivent aucune règle.
4- Les Schattenjägers indépendants
Comme on en a parlé plus haut, tout le problème est qu’il n’existe pas le moindre cursus ou la moindre formation professionnelle sérieuse en « Schattenjägers ». Alors, oui, il y a un certain nombre de cryptophysiciens (ces derniers détestent ce terme et préfèrent, on les comprend : physiciens des Singularités) qui donnent des cours universitaires, mais on parle ici de sciences théoriques. À part les formations aux procédures de sécurité face à une Twilight Zone, enseignée à certaines forces de sécurité, et des formations privées nébuleuses sur la Trame et dans quelques instituts qui visent surtout à pêcher le fric de quelques gogos inconscients, il n’y a rien.
Et donc, la question est : comment des équipes d’enquêteurs indépendants peuvent alors se monter, et comment ces gars font-ils pour avoir une formation ? Eh bien, ils font un peu comme ils peuvent ; en fait, les Schattenjägers on leurs propres clubs et espaces d’échanges sur la Trame, ils discutent avec des cryptophysiciens, des enquêteurs spécialisés, des experts, partagent leurs expériences et les connaissances, ce qui, finalement, finit par former une base de données, quelque peu dispersée, mais conséquente, et qui s’enrichit chaque mois. Cela dit, ces groupes et ces bases de données restent réservés et ne sont pas aisément accessibles au grand public pour la plupart. Les gestionnaires et sysadmins de ces réseaux pratiquent un fort filtrage des accès et, en fait, pour pouvoir participer à ces bases de données, il faut faire partie d’une agence d’enquêteurs déclarés, ou faire partie des forces de l’ordre.
Les Schattenjägers indépendants ne sont donc pas totalement lâchés dans la nature. D’une part, sauf à être des membres d’une équipe des forces de l’ordre, ces Schattenjägers doivent être déclarés comme enquêteurs, c’est-à-dire des détectives privés, au sein d’une agence, ou de manière purement indépendante, ce qui exige d’avoir un diplôme de détective privé, suit à travers une formation de terrain auprès de formateurs agrées, soit une formation universitaire. D’autre part, ils ont les moyens de se former aux directives de sécurités et aux procédures applicables face à des Twilight Zones, via le réseau sur la Trame, dont on parle plus haut, et qu’on appelle le TZ-Verse.
Et à quoi ressemblent ces enquêteurs indépendants ? Disons que c’est si varié qu’on ne pourrait pas faire une description qui rende compte de la variété des profils et des personnalités de ces Schattenjägers. À part leur formation indispensable en police, enquête et directives de sécurité, leur seul point commun est qu’une majorité d’entre eux a une expérience de terrain plus ou moins poussée en Twilight Zones. Ils en ont vu une de près, parfois de très près et en ont été observateurs, mais pas toujours. Ceci dit, tous partagent une passion pour ces phénomènes, autant qu’une très lucide perception de leur danger, et un souci réel de protéger les populations contre ces dangers.
Certains font aussi cela pour la gloire, d’autres pour l’argent, sans oublier ceux qui font cela par motivation personnelle ou par curiosité malsaine, mais dans tous les cas, ces Schattenjägers indépendants ne sont ni pire, ni meilleurs que d’autres Schattenjägers travaillant pour une grande agence, comme l’UNADP. La seule grosse différence, c’est que les indépendants manquent cruellement des moyens que l’ÛNADP ou AEGIS sont capables de fournir à leurs agents. Ce qui implique d’autres conséquences, entre autres des risques sérieux pour la santé et la vie de ces Schattenjägers ; d’ailleurs, la grande majorité n’est pas folle : quand ils sont face à un risque trop grand pour eux, ils sont les premiers à appeler les autorités à la rescousse et prévenir les Schattenjägers de l’UNADP.