Singularités, le jeu de rôle
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Les SIRM & les simworlds

Oubliez les casques VR qui donnent mal au cœur et filent des migraines, laissez tomber les combinaisons et gants tactiles à retour d’effet, la réalité virtuelle du 23ème siècle est une véritable immersion… ou presque !

A la base, le SIRM est une technique d’imagerie cérébrale non invasive qui, couplée à des puissants algorithmes de simulation, permets littéralement non seulement d’enregistrer tout le détail d’une activité cérébrale, mais aussi dans une certaine mesure, de lire les pensées et les rêves. La technologie est sortie du domaine médical et expérimental en même temps que la généralisation de l’Interface, à partir de 2168, mais il a fallu une dizaine d’années pour que la technologie devienne financièrement abordable et se répande partout. Si les premiers exemplaires étaient énormes, bardés de câbles et de capteurs, les SIRM modernes à usage privé ne sont guère plus encombrants que des casques légers sans fil, faisant le tour de la tête, nantis de lunettes-écran et d’écouteurs ; le scanner SIRM est intégré dans le casque et invisible. Ce qui prends le plus de place est la console de jeu, un processeur T2 qui tient dans une tour d’une douzaine de kilos.

Les SIRM, on en trouve désormais partout et, même si leur prix n’est pas à la portée de toutes les bourses, leur usage est très répandu, aussi bien pour des gamers que pour des étudiants, des professionnels etc.  C’est vraiment très répandu et il est très commun pour des amis étudiants un peu branchés et loin les uns des autres de se réunir, par exemple, en soirée entre eux, sur des univers virtuels, grâce à cette technologie.

Comment ça marche ?

Le SIRM reçoit des données via des ondes cérébrales, mais peut aussi en envoyer et c’est là qu’il devient un outil de loisir et éducatif très puissant.

La technologie du scanner SIRM permet de simuler en signaux cérébraux des signaux numériques et donc de générer des univers virtuels. Oui, c’est vachement cool et, oui, ça a ses limites. Une simulation SIRM ne se fait pas d’un claquement de doigts : chaque cerveau fonctionne de manière unique et le SIRM doit avoir une banque de signaux personnels assez conséquente pour simuler quoi que ce soit : donc un utilisateur doit aller dans un centre de scanner SIRM, qui est un centre médical privé, et y passer quelques heures à être stimulé par des images, des sons, des goûts, des contacts, une activité physique, etc. En général, la configuration et la récolte de donnée est l’affaire d’une journée.

Le scanner SIRM, effectué en centre médical, enregistre alors les données dans une databank, Si ce n’est pas une simple petite puce, c’est parce que les données cérébrales suffisantes pour créer une banque de référence efficace prennent vraiment beaucoup de place. Une fois assez d’éléments compilés, le dispositif simulation SIRM pourra alors simuler d’autres éléments manquants, en se référant à ce qu’il connait de l’utilisateur et a en mémoire dans la databank.

Et cela donne quoi ? Hé bien par exemple, si vous n’avez jamais gouté d’huitre, dans un monde virtuel, elles auront un goût non fidèle à la réalité, mais obéissant à des indications simples et l’équivalent enregistré de la mémoire du sujet sur ce que pourrait être le goût, selon son expérience. Il va donc sans dire que certaines expériences virtuelles ne peuvent donc pas être proches du réel, y compris le sexe si, par exemple on ne l’a jamais pratiqué, ou la douleur violente si on ne l’a jamais expérimenté.

Le visuel et les sons sont, eux, envoyé directement par les écrans et les microphones du casque, mais pour le toucher, le goût et l’odorat, le SIRM ne peut que se fier à ce qu’il a pu enregistrer et selon l’expérience de l’utilisateur. Les sensations de marche, de course, d’effort physique, de proprioception, sont, elles aussi, assurées par l’envoi de signaux cérébraux, traduits par le cerveau de l’utilisateur, de manière, là encore, plus ou moins réaliste. Une console SIRM simule une illusion de réalité, pas une réalité crédible au point de s’y tromper. On verra d’ailleurs qu’au-delà de la limite de cette technologie pour le grand public, c’est aussi fait exprès.

Les limites et les sécurités des SIRM

Les limites inhérentes au système, mais qui peuvent aller très loin avec des technologies SIRM médicales et militaires – on y reviendra – ne sont pas les seules, car une trop forte immersion a vite montré ses dommages sociaux et psychologiques.

On évite que les univers et loisirs SIRM soient trop « réalistes ». Les sensations les plus violentes sont purement ignorés et si, dans un jeu, vous jouez un gladiateur qui se fait transpercer mortellement par une épée, vous n’aurez guère plus mal que si vous receviez un coup assez fort pour vous refiler un bleu.

De plus, les SIRM sont en général couplés à la domotique du domicile, à un nano ou encore à l’Interface, de manière à garder un contact constant avec l’environnement réel. Si on vous touche l’épaule physiquement, vous le ressentez d’une manière plus « réelle » que dans un univers simulé. Vous avez toujours envie de vous gratter, vous, et pas votre avatar virtuel et vous ressentez l’envie de boire, manger, faire pipi ou encore dormir. Bref, vous n’êtes pas déconnecté de votre corps réel et votre avatar virtuel apparait comme une prothèse numérique qui fait partie de vous tant que vous en usez, mais reste différenciée de votre intégrité physique. Enfin, une dernière sécurité vous « déconnecte » du SIRM toutes les deux heures, par un parasitage des signaux et un avertissement sonore qui vous « sort » de l’immersion. Une sécurité qui passe à une fois toutes les demi-heures si vous restez plus de six heures connecté sans pause.

Bien sûr tout cela n’évite pas les abus et les dérapages même si les sécurités sont très difficiles à contourner. Il y a régulièrement des affaires de troubles physiques, neurologiques, voire mentaux chez quelques maladroits qui n’ont pas tenus compte des avertissements sur l’usage de cette technologie. Mais ces cas sont finalement très rares et surtout, encore plus rarement graves, même si ces derniers font les choux gras des journaux à sensation.

Les simworlds

En dehors de l’évidente utilité pour les loisirs et jeu, les SIRM sont particulièrement appréciés dans le domaine universitaire et éducatif, surtout les contextes professionnels. Il est très facile d’organiser des cours et des salles de conférence virtuelles, totalement réalistes, interactives et fonctionnelles pouvant accueillir simultanément des centaines d’étudiants et apprentis.

Pareillement dans une salle opératoire, où tandis qu’une véritable opération a lieu, 200 étudiants suivent l’intervention en direct, avec le cours accessible tout en pouvant échanger avec les autres élèves sans déranger l’opération etc. Et bien sûr, c’est on ne peut plus pratique dans des domaines plus complexes, comme la sécurité, les secours, les unités d’intervention et le domaine militaire où l’on peut simuler toutes les situations les plus ardues sans faire prendre de risques aux élèves.

Bien sûr, tout cela ne fonctionne qu’avec les moyens nécessaires, ainsi, même si c’est très prisé, tout le monde n’y a pas accès, et même dans le domaine urbain, cela demande un certain niveau de vie pour tout ce qui concerne les simulations éducatives et d’entrainement, mais aussi pour les jeux, bien que ces derniers soient la part la moins onéreuse de l’affaire. Et bien sûr, il faut avoir sa databank prête – qui peut être placée sur un cloud – sinon, il faut prendre les quelques heures nécessaires en centre médical pour créer la base de données.

Pour gérer ces univers virtuels, remplis de personae et de contenus numérique, on déploie des IA très puissantes, en générale une par serveur de ce type. Certaines de ces IA, dans certains mondes de jeu sont des entités à part entière et pour certaines de véritables célébrités. En faisant le compte de l’ensemble des utilisateurs des simworlds universitaires et de loisirs, la fréquentation journalière dans le monde est de l’ordre de 90 millions de personnes, soit plus de 3% de l’humanité.

Les Kriegermacher

Les Kriegermacher sont les SIRM les plus évolués qui soient. Ils sont très peu nombreux et seulement disponibles pour des unités militaires et paramilitaires de pointe. Il faut dire qu’un stage de ces simulations SIRM coûte une fortune. L’enregistrement des données cérébrales est poussé sur plus d’un mois durant une batterie de tests physiques intenses, avant que le candidat ne soit plongé dans une série de simulations de champs de bataille et d’environnement dangereux d’un réalisme redoutable.

Ici, on ne prend pas de gants avec l’utilisateur qui doit ressentir faim, soif, froid et agonie, et percevoir toutes les sensations au plus près possible du réel. Imaginez maintenant ce que peut donner un stage complet de cinq à huit semaines, branché 5 jour sur 7 sur une machine qui vous mets dans les pires et plus complexes situations de l’histoire de la guerre de l’humanité. Les militaire et agents, déjà en général trié sur le volet, qui en sortent, sont de véritables foudre de guerre rompus à toutes les expériences et à une réalité de la guerre qu’eux seuls ou les vétérans des pires conflits peuvent connaitre.

Et au sujet de lire les pensées ?

On ne peut pas lire les pensées et les rêves d’un individu lambda simplement en lui collant un casque SIRM. il faut forcément un échantillon de données assez vaste enregistré en temps réel, car les images, les sons et les mots sont tous traités de manière unique dans un cerveau. Si le SIRM est un puissant outil de psychiatrie, c’est de suite moins efficace pour faire parler quelqu’un contre son gré. Par contre, comme détecteur de mensonge, là, oui, c’est facilement exploitable et précis et cet usage est assez courant.

Et, en effet, il peut enregistrer les rêves, qui sont alors lisibles comme un enregistrement vidéo, une fonction qui a quelques applications en psychiatrie mais reste avant tout une forme de caprice personnel pour ceux qui parviennent à dormir avec un gros casque posé sur la tête.

 

3 réflexions sur “Les SIRM & les simworlds

  • Là, tout de suite, me vient une idée vicieuse: si ce sont des centres privés qui font les scans SIRM, pourrait-il y avoir « vol » de données personnelles à des fins publicitaires – ou, plus prosaïquement, le modèle à la Facebook: le scan est gratuit, mais les goûts et préférences des individus finissent chez les annonceurs?

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    • psychee

      Ben en fait, y’a des lois de l’UNE très strictes sur l’anonymat et la protection des données… Mais si un quidam accepte de les vendre par contrat contre un service gratos, forcément, c’est la fête !

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