Singularités, le jeu de rôle
La Nouvelle HumanitéLe monde en 2202

La Nouvelle Humanité, partie 6 : la géopolitique des blocs

La propagande dit que le monde est uni sous le drapeau des United Nations of Earth. Et, historiquement, c’est exact : dès la fin du 21ème siècle, l’UNE est devenu le symbole des aspirations d’une fédération planétaire qui ferait disparaitre tout risque de guerre au sein de l’humanité.

Mais les choses ne se passent jamais comme on veut, aussi bien pensé et bien ordonnés soient les plans de départ. L’UNE n’a ainsi jamais pu unifier plus de la moitié des états de la Terre sous son organisation. Seule consolation, ses principes, la Charte Internationale des Droits de l’Humain ont servis de modèle à nombre d’états non-membres de l’UNE, qui les ont adoptés avec plus ou moins d’application. Mais d’autres n’en ont eu rien à fiche et, sans surprise, ont mêmes pris des directions politiques et sociales –presque- totalement opposées.

Et on ne parle même pas des rivalités et de l’hostilité de ces états contre l’UNE, qui présente pour eux un véritable danger à leur mode de vie. La création de StarForce (L’United Nations of Earth Space Defense, nommée aussi l’UNESD) par l’UNE, malgré son statut de neutralité vis-à-vis de tout conflit international, a tendu toutes les relations géopolitiques mondiales, et mené à la création des grands blocs politiques du 23ème siècle : d’un côté les United Nations of Earth (UNE), de l’autre le Transpolar Economic Pact (TEP), et au milieu, qui joue un peu les arbitres, la Selenite Cities Confederation (SCC).

Des sections sont spécifiquement dédiés à ces trois puissantes au chapitre : les organisation et états du 23ème siècle. Nous allons donc ici les décrire succinctement et surtout parler de qui en fait partie, et de leurs relations.

L’UNE

L’United Nations of Earth a été créé en 2082 après les accords de Nairobi pour reprendre le rôle de la défunte ONU, disparue comme un peu tout le reste en 2032, au moment de l’Impact. Sa mission première ? Être une organisation internationale d’entraide et de gestion de crise, dont le but premier est la préservation de la Terre, son biotope et ses habitants. L’ensemble de l’UNE est bâti autour d’une constitution, la Charte Universelle des Droits de l’Humain, que tout état-membre doit accepter, signer et intégrer dans sa propre constitution pour avoir le droit de siéger à l’Assemblée. L’UNE se donne comme rôle de garantir la paix sur Terre, assurer la préservation de la vie à l’échelle de la planète et favoriser l’épanouissement de l’espèce humaine du point de vue social, humain, politique et économique. Son orientation politique générale est d’ailleurs un fédéralisme social et humaniste.

L’UNE n’est, en théorie, pas un gouvernement mondial, dans ses statuts : chaque état-membre est une nation indépendante : elle a sa propre constitution, ses propres lois, sa propre armée, etc… Il y a d’ailleurs nombre de ces états qui sont eux-mêmes regroupés en fédérations d’états, comme l’Union Africaine, par exemple. Mais dans les faits, l’UNE est bel et bien un super-gouvernement, largement plus compétent, puissant et intrusif que l’ONU du 20ème siècle. Ses pouvoirs et ses moyens sont autrement plus étendus que son ancêtre ; entre autres, aucun état-membre ne peut intervenir de manière privilégiée sur les décisions de l’Assemblée de l’UNE. Celles-ci sont toutes soumis à vote majoritaire et le seul droit de veto appartient au Conseil Intérieur, l’organe exécutif de l’UNE, dont les représentants prêtent serment d’agir en toute neutralité de leur nation d’origine. Leur nationalité est d’ailleurs celle de l’UNE et aucune autre, pour la durée de leur mandat.

Enfin, entre autres organisations et structures, l’UNE dispose d’une police internationale (l’UNADP) assez comparable au FBI et d’une force d’intervention armée, les Casques Bleus (L’United Nations of Earth Taskforce, UNET), dont les attributions et compétences sont autrement plus étendus et interventionnistes (et musclés) que son ancêtre de l’ONU.  L’UNE peut mener des enquêtes et envoyer des délégations d’inspection pour vérifier le respect des règles et peut décider de sanctions financières et légales et employer ses Casques Bleus pour intervenir militairement en cas de violation de la charte. Elle peut même intervenir dans les conflits armés en dehors des membres de l’UNE. Et elle l’a déjà fait.

Et, en effet, l’UNE est bel et bien un gouvernement, à travers son propre état, Olympus (l’ancienne Madagascar), qui siège à l’Assemblée, comme tous les autres états-membres et possède ses propres forces de sécurité, même s’il ne s’agit officiellement pas d’une armée.

L’UNE regroupe, en nombre, environ la moitié des nations de la Terre. En terme de population et de puissance financière, c’est largement le bloc le plus puissant et influent et il ne cesse de croitre, bon an mal an, année après année. Il n’est pas exagéré de dire qu’à l’échelle mondiale, c’est l’UNE qui fait la pluie et le beau temps, y compris du point de vue économique. Le Tribunal de Gateway (le Commercial Court of Consortiums, 3C) qui gère les relations économiques entre les Consortiums et les états de la Terre et qui appartient à la World Trade Agency, WTA a beau être indépendant, il travaille en étroite collaboration avec le Conseil Intérieur de l’UNE et les Consortiums qui y siègent (les Ten Stars) sont tous membres de l’Assemblée.

Pour résumer, l’UNE, c’est un peu le gendarme mondial à gros bras. Il n’est pas toujours évident pour l’organisation d’intervenir sur des conflits locaux, puisque toute décision de ce type relève du vote de l’Assemblée à la majorité ; il en va de même pour les sanctions économiques ou judiciaires. Et l’UNE a déjà fort à faire avec la préservation des réfugiés et des régions des Zones d’Exclusion et des réserves de protection naturelles, ce qui représente pas loin de 20% de la surface terrestre qu’elle doit administrer, sans oublier la gestion de la Guerre Éternelle, via l’armée spatiale de coalition de StarForce. Mais quand quelque chose commence à déraper et menacer la stabilité mondiale ou la sécurité des populations, l’arrivée des Casques Bleus ne tarde que rarement et ces derniers ne sont pas exactement réputés pour faire de la figuration quand ils sont forcés d’intervenir. Et si jamais Olympus ou les intérêts directs de l’UNE étaient malgré tout menacés, tout le monde sait, c’est un secret de polichinelle, que le Conseil Intérieur pourrait déployer en dernier recours des frappes stratégiques de bombes stat pour se défendre ; l’UNET en possède plusieurs stocks, destinés à la base à endiguer une menace majeure de Twilight Zone.

Autant dire, pour conclure, que l’UNE est un peu le grand croquemitaine des états nationalistes et des gouvernements totalitaires… et aussi religieux, ce qui va souvent de pair au 23ème siècle. Nul doute que l’UNE finira bel et bien par devenir un super-gouvernement mondial. D’ailleurs elle y travaille ardemment même si on est très loin d’un matraquage idéologique sous forme d’inondation propagandiste ; au sein de l’Assemblée, il y a tellement de courants politiques divergents qu’ils sont déjà bien occupés à défendre chacun leur opinion et essayer de dézinguer celle du voisin. Mais l’UNE est active et ne cache nullement ses ambitions, y compris en faisant étalage de ses moyens assez colossaux pour y parvenir ; cette idée hérisse beaucoup ses opposants et, en réaction, ils se sont unis pour résister en faisant un front plus ou moins commun qui, sans être une situation de Guerre Froide, devient une rivalité hostile de plus en plus tendue.

Le TEP

Le Transpolar Economic Pact, souvent surnommé le Pacte de Ross, porte un nom volontairement édulcoré, qui cache plutôt mal ses véritables objectifs : il s’agit réellement d’une alliance économique, politique et surtout militaire, qui ne dissimule pas l’influence de Consortiums avides, refusant les lois et contraintes de l’UNE. Crée à la signature des accords du Dôme de Ross, capitale des États du Pôle, au lendemain de la création de StarForce, en 2157, le TEP n’a pourtant été, pendant longtemps, qu’une union changeante d’intérêts économiques et politiques vaguement convergents, liés par une propagande à la fois néocapitaliste et conservatrice, jusqu’à la Seconde Guerre des Consortiums, en 2195.

Jusqu’à cette date, qu’on nomme aussi la Guerre de la Ceinture, et qui a vu la déclaration d’indépendance de la SCC (Confédération des Cités Sélénites), le Pacte se cantonnait à défendre les intérêts économiques des États du Pôle et ses alliés, tous non-membres de l’UNE, face au mastodonte mondial en question. Il y avait bien entendu quelques clairs signes avant-coureurs que les États du Pôle se préparaient à l’éventualité d’une confrontation future plus musclée avec l’UNE : cette nation n’a, entre autres, jamais renoncé à ses stocks de missiles nucléaires et stats transorbitaux et possède une flotte militaire spatiale qui, bien que très réduite en comparaison de StarForce, reste conséquente.

Mais l’indépendance de la Lune a été aussi une défaite humiliante pour les États du Pôle et ses alliés, largement responsables de la destruction de la station Cérès pendant la Guerre de la Ceinture et qui se sont pris une rouste historique face aux armements improvisés, mais redoutables de la résistance lunaire. Dans ce conflit, pourtant initié par des Consortiums, mais qui a pris fin de force avec l’intervention en masse des Casques Bleus soutenus par StarForce, la polarisation des rivalités entre l’UNE et la TEP s’est vue comme le nez au milieu du visage. Dans l’affaire, des Consortiums y ont laissé leur chemise, se sont vus déboutés de toutes leurs plaintes par le Tribunal de Gateway et les États du Pôle ont pratiquement perdu toutes leurs colonies industrielles lunaires les plus florissantes. Soudain, la TEP a réalisé qu’elle pouvait potentiellement se faire écraser par l’UNE sans avoir une chance.

Les États du Pôle sont puissants, riches et dénués des scrupules des états les plus humanistes de l’UNE. Il s’agit d’une nation corporatiste, une oligarchie autoritaire qui ressemble beaucoup à l’ensemble des autres états totalitaires de la Terre, qui sont souvent des alliés et appuis. Mais surtout les États du Pôle sont appuyés par de Consortiums qui fondent la puissance économique et dictent la politique de la nation polaire et qui profitent largement des libertés que l’UNE réfrène par ailleurs. Le Pacte est constitué d’autres états corporatistes ou autoritaires sous influence de certains Consortiums et quelques nations carrément extrémistes, comme des dictatures militaires ou religieuses, qui rejettent avec force les principes de la Charte Universel de l’Humain et trouvent ainsi, dans les États du Pôle, un porte-parole puissant.

La vérité est, ceci dit, un peu plus complexe et moins idéaliste : les états-membres du TEP n’ont en général guère eu le choix quant à la rejoindre, puisque le plus souvent, c’était ça ou la ruine économique ; le TEP dépend entièrement du bon vouloir des Consortiums, même si officiellement, ce sont les États du Pôle qui dirigent. Ces mêmes nations ont encore eu moins le choix quand les États du Pôle ont commencé la militarisation du Pacte, y compris en posant ses propres installations de défense stratégique et des forces armées privés et bases avancées chez eux. L’entièreté du Pacte dépend de son instigateur et principal acteur et il n’y a guère que la nation de Carthage, parmi les états-membres du TEP à être en véritable position de négocier à à peu près à égalité avec les États du Pôle. Tous les autres sont là pour valider les décisions de ce dernier, suivre ses stratégies, approuver sa politique, et ont juste l’opportunité de discuter des détails.

Le Pacte tient ainsi par l’influence économique puissante des États du Pôle et des Consortiums, par la peur de l’UNE et par une très active propagande qui ne laisse aucun doute : le Pacte est le Bien, l’UNE est le mal. Dans cette propagande qui a monté d’un cran dans les arguments belliqueux et les discours guerriers ces six dernières années, la défense de la religion et le retour de l’humanité à ses « valeurs traditionnels » et à la « vraie loi naturelle sous l’esprit de Dieu ». Pour des questions de prestige mais aussi d’intérêts géostratégiques le TEP a d’ailleurs lancé un vaste programme de colonisation du système saturnien, malgré les difficultés sans nom que cela représente. Mais cela lui permets de justifier de l’expansion de sa force militaire spatiale et de ses revendications politiques.

Bref, le TEP est exactement pour l’UNE ce qu’elle représente pour cette alliance d’états plus ou moins tous réactionnaire : un croquemitaine qui n’est pas à prendre à la légère et dispose d’assez de moyens pour un jour profiter d’un casus belli pour menacer la paix mondiale. La seule différence, c’est que le Pacte est autrement plus réduit en terme d’influence et moyens que l’UNE. Tous les experts s’accordent à dire qu’en cas de guerre, le TEP n’aurait aucune chance de tenir le choc. Seulement, le Pacte est particulièrement armé et se moque plus ou moins ouvertement des interdictions concernant les armes de destruction massive, principalement les armements nucléaires. Malgré les capacités de défense stratégique de l’UNE, si jamais un jour la situation dégénérait, il n’est pas du tout certain que l’ensemble du monde n’en ressorte pas ravagé.

Les SCC

Il y a pas mal de nations qui ne jouent pas au jeu des deux blocs opposés et qui restent neutres vis-à-vis de cette rivalité. On peut citer par exemple le Texas, qui fait ses petites affaires et se passionne pour la colonisation martienne – et il est un peu le seul – et qui a simplement un statut d’observateur à l’UNE, tout en ayant des relations privilégiées, bien qu’un peu compliquées, avec les UAO et les USEA. Une bonne partie de ces états non-membres de l’UNE ou du Pacte ne cachent pas un penchant ou l’un ou l’autre bloc, et ont souvent des accords d’échanges avec les uns et les autres, mais tiennent à rester indépendant.

Parmi eux, il y a donc la Confédération des États Sélénites, (Selenite Cities Confederation ou SCC), première nation hors-sol, née en 2196, et qui en est encore au stade d’achever sa transition complète à l’indépendance, avec l’aide de l’UNE et surtout de StarForce, qui ne peut se passer de Luna et de ses installations industrielles et chantiers spatiaux.

Si on en parle, ce n’est pas seulement parce que c’est un point très marquant de l’histoire du 23ème siècle qui a fait bouger toutes les relations géopolitiques mondiales, mais aussi parce que la position même de la Lune et la politique des SCC font d’eux une sorte d’arbitre dans l’hostilité grandissante entre l’UNE et le CET, et parce que Luna n’a toujours pas officiellement signé de traité de paix, mais seulement un cessez-le feu, avec les États du Pôle depuis la fin de la Seconde Guerre des Consortiums.

On a déjà parlé un peu de Luna pour décrire le satellite habité et on reviendra sur cette nation plus en détail, mais les SCC font partie du petit club des nations socialistes radicales qui se posent un peu comme des ennemis idéologiques par essence à tout ce que représente le CEP. Ceci dit, la Lune dépend de la Terre, et l’espace dépend de la Lune, ce qui pousse les SCC à prendre une position d’arbitre apte à dissuader tout état ou bloc à commencer à foutre le bordel à grande échelle sur Terre ou dans le système solaire ; il y va de sa propre survie. C’est aussi une posture politique assumée : tôt ou tard, d’autres colonies hors-sol réclameront plus d’indépendance et d’auto-détermination, et les SCC comptent bien alors pouvoir les inviter à participer à une grande alliance de nations spatiales. Il y a d’ailleurs de forts activismes politiques soutenus par les SCC dans la Ceinture et les colonies joviennes. Ce n’est pas exactement ce qui plait à StarForce, mais elle dépend, encore une fois, bien trop de la Lune pour pouvoir mettre trop de bâtons dans les roues de la SCC. Autant dire, et sans surprise, que bien des Consortiums, eux, le prennent plutôt mal et se tournent vers le CET comme outil pour défendre leurs intérêts. Oui, cela veut dire que depuis quelques années, la situation dans le système solaire devient notoirement tendue ; tout le monde s’attend à ce que ce soit sur la Lune ou dans la Ceinture que se déclenchera la prochaine guerre majeure entre nations terriennes.

Mais encore une fois, la Lune voudrait bien ne pas en arriver là et joue les arbitres dans une situation très avantageuse : le détournement de catapultes magnétiques pour faire du bombardement cinétique sur Terre, en visant les intérêts des États du Pôle et de certains Consortiums a donné des idées aux Luniens des SCC, mises en pratique avec une célérité remarquable. Les SCC disposent de 14 rampes magnétiques de lancement de Gods Fingers, des piliers de pierre, d’acier et de tungstène hauts de 75 mètres, des missiles cinétiques bardés de technologies furtives, dissimulés sur leur territoire et qui sont autant d’armes de bombardement redoutables, difficiles à détruire ou intercepter. La localisation des rampes de lancement est très bien cachée et à peu près tout le monde se doute qu’il y en a bien d’autres en construction ou prêtes au déploiement. Ce sont des armes bien assez effrayantes pour dissuader à peu près tout le monde de s’en prendre directement aux intérêts vitaux des SCC qui, autrement, n’ont guère de véritable armée performante.

Tout le monde a conscience que si les SCC devaient en arriver là, ce serait un baroud d’honneur car Luna, seule, n’aurait guère les moyens de tenir une guerre massive. Mais, personne n’a le moindre doute, ce serait aussi la fin instantanée et sans coup férir des États du Pôle et de deux ou trois autres nations du Pacte, et beaucoup de dégâts conséquents sur Terre. Aussi, la position de la SCC est-elle à la fois à peu près sûre, mais fragile : elle a besoin de la présence de Starforce pour dissuader tout conflit sur son sol, mais sait que le statut de StarForce peut fort bien mener cette dernière à refuser d’intervenir ; elle a besoin de l’UNE de manière évidente, mais ne peut se permettre d’en devenir membre à part entière car cette dernière interdit les armes de destruction massive, et elle ne peut s’en passer, au risque que le CEP n’en profite en pariant sur l’hésitation de l’UNE à déclencher avec ce dernier un conflit direct, qui serait sans doutes encore plus ravageur.

L’impact des blocs sur la société

Étrangement, la rivalité entre l’UNE et le CEP n’a pas autant d’impact sur la Nouvelle Humanité qu’on pourrait l’imaginer. La radicalisation de cette rivalité est finalement assez récente, elle a moins de dix ans, et même les citoyens du CEP sont des héritiers de l’esprit de l’humanité du 22ème siècle qui se souviennent bien de la manière dont ils ont failli tous disparaitre au 21ème siècle. Oui, cela veut dire que même les plus déraisonnables des plus gros chefs d’états et de Consortiums au 23ème siècle sont, comparativement aux grandes corporations du 21ème siècle, plutôt raisonnables.

Ceci dit, il y a quand même des impacts marquants : si les règles sur la pollution et l’environnement ne sont que juste un peu plus laxistes et arrangeantes, les choses changent très vite en ce qui concerne des points sociaux-culturels ou humain. Déjà les lois sur la sécurité et la surveillance sont, on s’en doute, plus autoritaires et intrusives, tout comme l’ensemble du système pénal est en général plus répressif, sans oublier que dans les régimes les plus autoritaires, certaines libertés fondamentales ou droits du travail y sont plus ou moins bafouées. Bon nombre états-membres du CEP s’assoient sur les droits des bioïdes et ne leur reconnaissent aucune liberté ou humanité, les IA ne sont pas non plus protégées aussi efficacement que dans l’UNE, même si dans les faits, cela ne change pas grand-chose (personne ne peut prétendre avoir un contrôle total sur les IA haut niveau). Et la situation des Hexens dans les états-membres du CEP n’est pas réjouissante, pas plus que celle des réfugiés des Zones d’Exclusion.

Un habitant de certains des pays occidentaux du 21ème siècle ne serait pas tellement choqué, lui. L’oligarchie institutionnalisé, l’omniprésence sur la scène politique des grands acteurs économiques qui se placent au-dessus des lois, le gel de toute ascension sociale, l’autoritarisme à papa à coup de répression policière et de déresponsabilisation et une démocratie noyautée, poussive et malmenée lui rappelleraient le bon vieux temps, mensonges contradictoires et propagandes officielles y compris. Il ne serait pas non plus choqué par les écarts abyssaux de niveau de vie et de revenus qu’il constaterait, alors que ces derniers font sûrement partie des choses qui horrifient le plus n’importe quel citoyen de l’UNE.

Ce qui le surprendrait beaucoup plus serait sans doutes les grandes différences sociaux-culturelles entre ce qu’il a connu au 21ème siècle et ce qu’il verrait au 23ème siècle : entre autres, des gens qui sont tous peu ou prou écolos, respectueux de l’environnement et chez qui le racisme et l’homophobie sont une histoire si ancienne qu’ils ont même, pour la plupart, du mal à imaginer que cela ait existé. Les pires travers de l’humanité d’avant l’Impact n’existent plus que sous forme de quelques communautés et groupes extrémistes qui, sauf pour les plus réactionnaires représentants des états-membres du CET, sont des fous dangereux et incompréhensibles qui n’ont de place nulle part.

Forcément, la Nouvelle Humanité peut alors se décrire, pour la plus grande fierté du citoyen de l’UNE, comme une majorité qui avance vers le progrès d’une utopie sociale et politique qui unira l’humanité dans une ère de paix et de prospérité, avec, à la traine, le CET, minoritaire, sous-évolué, constitué de gens dont le principal péché est d’avoir peur du progrès. C’est plutôt flatteur dit ainsi, bien entendu, et c’est d’ailleurs la propagande qu’emploie l’UNE pour promouvoir sa politique mondiale. Mais on imagine bien que cela n’aide pas particulièrement à apaiser les tensions entre les deux blocs ; la récente militarisation, encore en cours, du CET, qui se sent bel et bien en danger, n’est qu’un symptôme. Et tous les experts s’attendent à ce qu’à un moment, l’UNE soit forcée, à son tour, de prouver la légitimité de ses objectifs, les armes à la main ; si cela devait arriver, pas sûr que la Terre elle-même et ses habitants apprécient les dégâts qu’ils risqueraient de subir.

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