Pourquoi l’antimasse ?…

Et pas l’antigravité comme dans tout bon univers de SF qui se respecte ? Oui, je sais, et cette question ne m’étonne pas, je m’attendais à ce qu’on me la pose. Ok… alors c’est parti pour un cours de vulgarisation de science du 23ème siècle. Et je rappelle ici qu’on est dans de la SF ! C’est-à-dire que d’une, ce sont des inventions, c’est de la fiction et ça ne prétends pas être de la vraie science et de deux, ce n’est pas très important de connaitre le détail – sauf pour savoir comment ça peut tomber en panne, pour faire un hommage à l’excellente réflexion de Matthias Wiesmann, coucou, toi !

Donc, l’antimasse, c’est l’énergie du vide quantique, qui repousse la matière et explique l’expansion de l’univers, comme l’explique la théorie de Shackton et Ishiro. On en parle parmi d’autres sciences facts du 23ème siècle, par ici.

Mais bon, pourquoi on ne parle pas d’antigravité ? Parce que c’en est pas. La gravitation, c’est la manifestation physique de la courbure de l’espace-temps sous l’effet conjoint de la matière et de l’énergie qui s’y trouve. En gros, plus tu pèses sur l’espace-temps, plus tu l’affecte, plus tu génère de gravité.

La masse, c’est la grandeur physique intrinsèque d’un corps, qui exprime la quantité de matière qu’il contient. C’est, ensuite, la gravitation, et précisément l’attraction gravitationnelle des corps qui décide quel poids cette masse va représenter. Ouais, ça veut dire que si vous allez dans le vide spatial loin de toute planète, votre propre gravité, générée par votre masse, affecte les corps autour de vous… mais bon, c’est si ridiculement faible que c’est seulement mesurable par des instruments scientifiques.

La technologie de l’antimasse ne contrôle pas la gravité, mais fait varier la masse. En fait, le champ d’antimasse généré, un peu comme le champ de Higgs, permet d’altérer la masse intrinsèque d’un corps, à quantité égale de matière le constituant, et donc l’influence de la gravitation sur son poids exprimé. On peut alléger facilement un corps et on peut aussi l’alourdir et faire ainsi varier les effets des accélérations, les, G sur le corps en question, sans oublier diviser jusqu’à 5 la masse d’un objet, ce qui le rends nettement plus facile à déplacer, voire à faire voler. C’est d’ailleurs une des bases de l’industrie et du fret spatial.

Voilé ce que font les générateurs de champ antimasse : pour une quantité d’énergie non-négligeable, un champs d’antimasse permets de compenser les effets de la gravité sur les corps, surtout les corps vivants, parce que, sans surprise, ce sont les plus fragiles. C’est réellement une technologie maitrisée, depuis pas loin d’un siècle, et très répandue : tout ce qui « pèse » trop lourd et tout ce qui peut être dangereusement affecté par des G est équipé de générateurs antimasse. Il y en a même dans la plupart des habitats lunaires pour passer de 0,16 à 0,25 G.

Techniquement, la technologie antimasse n’est guère compliqué à déployer et ça tombe rarement en panne. Pour les techniciens qui s’en occupent, ce n’est pas très différent de la complexité d’installation d’un chauffage au sol, il y a juste plus d’électronique et d’informatique. Et quand cette technologie tombe en panne, cela fait rarement des effets étranges. Elle se contente le plus souvent d’arrêter de fonctionner. Cela dit, il peut arriver (rarement) qu’elle se dérègle brutalement et que sa variation de masse se mette à fluctuer. Mais le plus risqué est quand ça tombe en panne en pleine manœuvre aérienne ou spatiale : une navette qui retrouve brutalement son poids complet en pleine ascension vers une insertion orbitale, ça promets un spectacle intéressant !

Et si, enfin, vous voulez savoir pourquoi antimasse et pas antigravité, la vraie raison… est que j’en avais envie. Tout le reste a été brodé autour de cette envie, en travaillant sur la cohérence interne à Singularités !

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